2005 Décembre Compte rendu

SPECTACLE FÉERIQUE

A l’approche de Noël, et depuis plusieurs journées, LARRA grelottait de froid avec des températures allant de 0° à moins 5 degrés, alors qu’un brouillard épais et persistant enveloppait toute notre région en bloquant ce froid au sol. Le brouillard se transformait en givre et celui-ci s’épaississait de jours en jours…
Le 24 décembre au matin, le soleil réussissait enfin à percer et durant quelques heures un spectacle féérique s’offrit à nos yeux. Toute notre campagne était recouverte d’un manteau blanc et en particulier les végétaux dont les moindres branches étaient parées d’une couleur blanche scintillante de mille feux sous les rayons du soleil matinal !
Nombre d’entre nous eurent le réflexe de faire des photographies toutes splendides pour immortaliser cet instant extraordinaire…

ANNIVERSAIRES(Christian CABE)
Ce mois de décembre est certainement celui des grands anniversaires…
– C’est, bien sûr, le Centenaire de la Loi de 1905 instituant la Séparation de l’Église et de l’État dans la République Française. La Laïcité, un sujet toujours brûlant d’actualité, où l’Historien a du mal à s’exprimer. Mais, devant la montée des intégrismes, des sectarismes et des fanatismes de tous genres, il est bon que chacun de nous y réfléchisse.
– Nous avons aussi, quelque peu, entendu parler du Bicentenaire de la bataille d’Austerlitz (2 Décembre 1805). Là, Napoléon Ier a donné toute la mesure de son génie militaire. 70 000 soldats français écrasèrent 90000 soldats russes et autrichiens. 1300 morts du côté français, mais 15 000 chez l’ennemi. Au delà de cette victoire stratégique, saluons l’exploit des fantassins de l’armée impériale.Napoléon avait réuni la Grande Armée au camp de Boulogne pour envahir l’Angleterre. Après la défaite navale de Trafalgar, il va se retourner contre les armées des Empereurs de Russie et d’Autriche coalisés.En vingt jours, l’armée traversera l’Europe. Des milliers de kilomètres, à pied, en portant sur le dos armes et bagages, jusqu’en Moravie. Ce sera d’abord la victoire d’Ulm, puis celle d’Austerlitz qui mettra fin à la troisième coalition.
– Les Médias avaient pratiquement omis, l’an dernier, au rayon anniversaires, de nous parler du Sacre de Napoléon Bonaparte. Celui-ci, le 2 Décembre 1804 (tiens, tiens…) mettait ainsi fin à la Révolution de 89, enterrant sous sa couronne les Assemblées Constituante et Législative, la Convention, le Consulat, le Direc-toire… et la Première République qu’ait connue notre pays.

GALEMBRUN : une Bastide?

Exposés de :

Jacques SIRVEN, Jean-Louis FRAPECH et Michel HASTENTEUFEL.
Lors de notre précédente réunion, nous évoquions la période de la guerre de Cent-ans et en particulier la fameuse bataille de Launac. L’influence des Anglais ayant laissé de nombreuses traces dans notre région, Jean-louis FRAPECH nous indiquait qu’il lui semblait vraisemblable que le nom du hameau de Launac que nous appelons GALEMBRUN pouvait trouver son origine étymologique dans l’évocation du Prince Noir ce terrible chef d’armée Anglaise à la très sinistre réputation! Des précisions seront apportées lors d’une prochaine rencontre.
Jacques SIRVEN, nous indique à son tour que ce hameau était, en fait, une ancienne Bastide car il a connaissance de la Charte de coutumes qui la régissait depuis le 14 mai 1290.
A cette époque, nous sommes dans la dernière partie du Moyen Age et les événements Cathares sont réglés.
Au Comte de Toulouse, décédé, succède Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis et époux de Jeanne de Toulouse, la fille unique de Raymond VII, dernier comte de la lignée.
En absence de descendants, le Comté de Toulouse viendra donc dans le domaine royal. Pour affermir son autorité, le Roi Philippe le Bel s’alliera aux riches Abbayes, donc, près de nous, Grandselve, pour créer des “villes nouvelles” qui bénéficieront de coutumes qui apporteront des revenus aux deux parties tout en assoyant le pouvoir royal.
Les Personnages:
Jourdain III seigneur de l’Isle a trois enfants.

  • L’ainé, Bernard Jourdain II héritera de l’Isle Jourdain.
  • Le cadet Bertrand Jourdain I de l’Isle recevra Launac.
  • Le dernier décèdera sans postérité.

Dans la descendance de l’ainé, on trouvera Bertrand, Evêque de Toulouse puis Marguerite qui épousera Arnaud Duèze Vicomte de Carmaing et parent de Jacques qui deviendra Pape sous le nom de Jean XXII.

Le cadet sera le père d’Isarn Jourdain de l’Isle né aux environs de 1249 et décédé vers 1300. C’est lui, Seigneur de Launac qui fondera GALEMBRUN.

Le lieu :
Galembrun est situé dans la seigneurie de Launac (il est dit: “in honoré Castri Launaco”) ce qui nous laisse supposer que le château existe déjà. (est-ce celui qui apparaît, puissant sur le plan de 1744 avec au moins 5 tours?)


La création d’une Bastide s’effectue dans un espace non peuplé où l’on peut établir un parcellaire régulier et harmonieux comme Grenade.
Une bastide peut être aussi une adjonction à un peuplement déjà existant, ce qui semble le cas pour Galembrun.
Les motivations d’Izarn Jourdain de l’Isle:

  • Dans cette période de semi prospérité,la population s’accroit, les défrichements se poursuivent, les bastides se créent aux alentours attirant les habitants des villages voisins. Il s’agit donc de conserver la population et même d’attirer de nouveaux arrivants afin de tirer toujours plus de revenus des terres ainsi mises en culture
  • Il avait déjà offert à Launac une charte trois ans plus tôt. Il continue avec Galembrun.

Sont présents pour recevoir ces coutumes, trois prudhommes habitants de Galembrun.
Ainsi donc, au Château de Launac en présence du Sénéchal de Toulouse Gaston de LEONG, Izarn Jourdain de l’Isle, seigneur du Château de Launac donne, octroie un emplacement pour faire une bastide appelée et nommée Galembrun.
Il le remet solennellement à Bodet de Melet, Estève de Crochavet et Jean Carretier, habitants de Galembrun qui l’acceptent au nom des autres habitants présents et futurs et il fixe le règlement de la Bastide.
Ce texte est en partie latin pour l’aspect inaugural et occitan pour le développement des coutumes.
(Ce texte est consultable auprès d’ALAC ou de la Bibliothèque de Larra.)
Jacques Sirven nous présente une traduction de la charte et nous commente chaque article.
Afin de résumer celle-ci, nous publions ci-après un travail très succint effectué par Firmin GALABERT Chanoine qui a longtemps été Président de la société archéologique de Montauban. (1895)

Les COUTUMES de GALEMBRUN

“Le 14 mai 1290, Isarn Jourdain de l’Isle, baron de Launac, fonda sur ses territoire la bastide de Galembrun, autour d’une place de 24 brasses de long sur 16 de profondeur, avec une demi cartonade de terre pour faire un marché. Chaque habitant fut doté d’un emplacement de maison avec jardin ayant 8 brasses de profondeur sur 36 de longueur, et d’un arpent de terre pour y planter de la vigne, avec un autre arpent de terre pour y faire un pré, sous le cens annuel de 12 deniers toulousains pour chacune de ces pièces, payable à la Toussaint, avec les réacaptes.
» Le seigneur se réserva la sixième partie de la récolte en gerbe ou en grains des autres terres qu’il donna aux habitants.
» Les habitants avaient le droit d’acheter, vendre et donner leurs fiefs : le droit de vente était d’un denier par sol et le droit de gage d’une maille par sol.
» Le droit de four devait être du seizième quand le seigneur aurait fait bâtir le four. Le seigneur ne se réserva pas le droit de mouture, mais celui de forge, aux conditions établies à Launac.
» Le seigneur donna le droit de dépaissance dans toutes ses terres avec chemins, abreuvoirs, etc., plus le droit d’exploitation dans ses bois avec défense toutefois d’en vendre les produits.
» Toute plainte portée pour dette devait valoir au seigneur 12 deniers.
» Les plaintes pour coups avec effusion de sang et les injures donnant lieu à une plainte devaient valoir selon la coutume du château de Launac; il en était de même des dommages causés par le bétail.
» L’adultère était, suivant la coutume de Launac, puni à la volonté du seigneur; il en était de même des boulangers qui usaient de fausses mesures.
» Les taverniers qui ne feraient pas publier le prix du vin devaient être punis selon la coutume de Launac.
» Chaque habitant devait au seigneur par an 12 deniers, une quartiére d’avoine, a la mesure de Toulouse, et une géline à la Toussaint ; chaque laboureur devait avec son bétail une journée de travail, quand il en était requis, mais il devait en ce jour être nourri par le seigneur; il devait aussi une autre journée aux mêmes conditions si le seigneur avait une vigne au dit lieu.
» Quatre consuls devaient être établis qui seraient changés chaque année à la Toussaint; ils avaient le pouvoir de construire ponts, chemins, fontaines de lever les tailles, de nommer des mességuiers et de faire réparer les dommages causés; les amendes en provenant devaient être partagées également entre le seigneur, les consuls et le messeguier.
» Les habitants avaient le droit de tendre des pièges pour prendre le gibier. Détachés de la communauté de Launac , ils n’avaient pas a y contribuer aux tailles: cependant ce ne fut que plus tard qu’ils eurent une chapelle annexe, a cette date ils dépcndaient de l’église du lieu.
» Les consuls devaient garder un an et un jour, tous legs payés, les biens de celui qui était mort sans héritier; passé ce délai, les biens non reclamés ap-partenaicnt au seigneur, dettes payées.
» L’habitant qui veut quitter le lieu peut le faire en sûreté, toutes dettes payées.
» Les habitants ont le droit de faire paître dans toutes les terres du châtcau de Launac les porcs, brebis, chèvres.
» Le seigneur se réserve à la boucherie les pieds dcs boeufs ou vaches, les lombes ou la jambe gauche des porcs à son choix.
»Tout homme qui peut fournir un gage ne sera pas arrêté, le gage sera gardé pendant quinze jours ; passé ce délai, il sera vendu à la perte ou au profit de celui qui l’a donné.
» Les habitants furent exempts de tout péage dans toute la baronnie.
» La charte fixa enfin le prix auquel on devait fournir au seigneur les aliments : de Pâques à la Noël, un poulet devait être payé 1 denier, une oie 2 deniers 1 maille, un jeune porc 3 deniers; huit œufs valaient 1 maille; quant à la viande des gros animaux, le prix devait être fixé à l’estimation des consuls.”