2005 Juin Compte rendu

La mesure du temps (Christian CABE)
Passionné d’horlogerie, Christian CABE nous invite à découvrir les trésors d’ingéniosité déployés à travers les âges par les hommes pour mesurer le temps qui passe… que ce soit à des fins religieuses, pour régler la vie des ecclésiastiques, ou à des fins commerciales lorsque le temps est intimement lié au labeur ou enfin lorsqu’il s’agit de rythmer la vie des populations dans les villes et campagnes…

Horloge mécanique de l’Église de LARRA -1903

A travers les âges, divers repères ont naturellement permis d’avoir conscience du temps qui passe : les saisons, les journées qui succèdent aux nuits, les phases lunaires et le mouvement du soleil… Déjà à Stonehenge, en Angleterre, la civilisation des mégalithes, vers 8000 ans avant notre ère, dresse des monuments parfaitement orientés vers le solstice d’été leur permettant de mesurer avec précision les cycles annuels… Plus près de nous, ce seront les Egyptiens qui dresseront leurs obélisques à proximité de leurs temples et dont l’ombre tracera sur le sol un gigantesque cadran solaire permettant de mesurer le temps qui passe chaque jour ainsi que les saisons. Premiers véritables inventeurs de la mesure du temps (avec les Chaldéens leurs voisins de Babylonie), ils prévoyaient les crues du Nil, et décomptaient les journées de travail dues par la population au Pharaon pour l’édification des monuments. Leur outil, le cadran solaire primitif, le Gnomon, sera utilisé très longtemps et constamment amélioré surtout lorsqu’on parviendra à comprendre que l’heure solaire vraie n’est pas régulière. En effet, la durée du jour solaire, intervalle de temps compris entre deux midis solaires consécutifs, varie de 23 h 59 min 40 s à 24 h 0 min 30 s. Ceci parce que la vitesse de la Terre autour du Soleil n’est pas constante et parce que son axe est incliné par rapport au plan de son orbite. Les quelques secondes de décalage s’accumulent ainsi que l’écart entre le temps solaire vrai (irrégulier) et ce qu’on appelle le temps solaire moyen (régulier avec des jours de 24 h) et peut atteindre un maximum de plus de 14 minutes début février et un minimum de -16 minutes début novembre . C’est ce qu’on appelle l’équation du temps.
Vers 200 avant J.C, sera inventé la clepsydre, une sorte « d’horloge à eau ». C’est d’ailleurs de là que provient le nom « horloge » car les Romains appelaient cet outil: « horologium »…
A l’origine la Clepsydre fut un simple récipient d’eau troué à la base.
On l’améliora en rendant les parois coniques pour tenir compte de la pesanteur, puis en rendant l’orifice inusable en utilisant des pierres précieuses percées !
Jusqu’au haut moyen âge (1250), il n’y eut pas d’amélioration significative sinon quelques tentatives pour essayer de réguler la rotation des instruments : roues freinées par du mercure ou bien des liquides épais freinant des palettes rotatives…
Ce n’est que vers 1670, que l’invention du pendule oscillant par Huygens dont le mouvement de balancier entretenu par des poids associés à des engrenages et régulé par un système d’ « ancre », révolutionnera la fabrication et la diffusion massive des horloges mécaniques sous le nom populaire de « pendules »…
Entre-temps, vers 1500, la Marine, développera l’usage du « Sablier » pour mesurer à l’aide du sextant, la position des bateaux par rapport au soleil et l’horizon à midi précises… Elle ne disposera d’horloges à pendule vraiment fiables qu’au 19ème siècle !
Les premiers mécanisme d’édifices à pendule ne comporteront pas de cadran car seule la sonnerie suffira à indiquer l’heure présente.
Les progrès permirent la miniaturisation des mécanismes et un pas décisif survint lorsque Huygens inventa le « spiral » pour remplacer le balancier…
Les « comtoises » fabriquées en Franche Comté envahirent les villes et campagnes pour équiper les édifices et les foyers. Leur mécanisme fiable pouvait fonctionner plus de 200 ans avec un entretien minime lequel devenait parfois un cérémonial annuel… Un bon ouvrier pouvait construire une comtoise en deux mois ! Il en existera une grande variété, certaines sonnant les heures, les demi et les quart… Leur décoration sera toujours plus élaborée et leur mécanisme toujours amélioré tenant même compte de la dilatation des métaux constituant le pendule !
Nombre de ces comtoises fonctionnent encore dans nos foyers et entretenues avec soin, elles continuent à égrener le temps qui passe pour le plaisir des yeux et des oreilles grâce à leur « tic-tac » et leur sonnerie si familiers…
Bonnes vacances à tous !
PROCHAINE REUNION :
Vendredi 2 septembre 20h30
Au château de LARRA.