2005 Septembre Compte rendu

50 ans de notre commune
Le « Groupe Histoire » de LARRA s’est mobilisé !
A l’occasion de la commémoration des 50 ans de la création de la commune de Larra, le groupe Histoire Locale avait décidé de profiter des journées du Patrimoine pour inviter tous les anciens élus de notre commune à partager un pot le l’amitié et du souvenir, visiter une exposition de photos et la « Maison de l’Histoire de Larra ».
Une Belle réussite d’autant plus qu’une météo splendide devait contribuer au succès de la manifestation. En effet, nous avons accueilli durant ces deux journées près de deux cent visiteurs qui ont été ravis de découvrir ou revoir notre patrimoine local!
La cérémonie de dimanche a pour sa part rassemblé une soixantaine d’invités qui ont félicité l’association Alac et les membres du Groupe Histoire pour cette initiative ! Tout en manifestant leur plaisir de se retrouver ainsi réunis, certains ont même exprimé le souhait de renouveler ultérieurement ces rencontres conviviales.
Le groupe histoire a donc naturellement invité les personnes intéressées à participer aux réunions mensuelles et il sera certainement souhaitable d’organiser prochainement une nouvelle manifestation autour d’une bonne table !


Discours de Bienvenue :
(prononcé par Michel HASTENTEUFEL animateur du Groupe Histoire de Larra)
« …Vous êtes nombreux désormais à connaître ma passion personnelle pour notre histoire locale…
Elle est sans doute due au fait que je suis né à Merville sur le coteau faisant face à Larra et que la Save, Merville, Daux et Larra font partie de mes souvenirs d’enfance et que là sont mes racines !
Ma quête du passé m’ a conduit à créer puis animer depuis plus de 18 années plusieurs groupes de recherches en histoire locale de Grenade, Cadours et Larra, écrire un ouvrage, contribuer à d’autres, faire de nombreuses expositions et enfin mettre en œuvre notre Maison de l’histoire…
…Ecrire l’histoire de notre village :
Nous en sommes tous les artisans, particuliers, élus associatifs, élus municipaux, consuls de jadis, notables, juges, médecins, agri-culteurs et la liste serait trop longue car il faudrait citer toutes les personnes qui ont contribué à la vie de notre terroir.
Certains ont fait ou font un travail de collecte et de diffusion comme L’Abbé Marcel Dirat, Mr Abadie, Mr Rumeau, Jacques Sirven et moi-même, mais nous tous, réunis aujourd’hui à l’occasion des 50 ans de Larra, nous sommes cette Histoire !
Votre destinée a contribué à faire de chacun d’entre-vous un acteur privilégié de cette histoire et la mission du groupe qui vous a réuni aujourd’hui est de conserver précieusement les détails de cette mémoire.
Ne pas oublier ce qui a été fait par notre collectivité de tous temps… qu’elle soit visible dans l’empreinte laissée dans les monuments, les objets, les choses matérielles, mais aussi les actes qui engagent les orientations de notre vie de tous les jours, en nous emmenant vers notre confort ou notre inconfort au point de vue social !
…s’adapter à son temps, à son époque, aux politiques générales etc… chercher toujours le bon sens, le meilleur pour notre collectivité !
…chacun de nous aura œœuvré au mieux de ses convictions, de ses capacités, de ses aptitudes et aura participé à notre Histoire avec un grand « H » !
Il n’est pas de notre rôle en tant qu’historiens de prendre parti pour les actions des uns ou celles des autres, au contraire, il convient d’établir un simple portrait de la vie de notre village en prenant la suite des historiens d’hier tout en préparant le chemin de ceux de demain.
Le devoir de mémoire est la notion la plus importante pour nous et si nous sommes ici, ensemble, c’est pour rendre hommage à tous ceux qui ont fait l’histoire de Larra… du voyageur passé par là au résident, à l’ouvrier, l’artisan, l’élu, l’enseignant… tous ceux qui de près ou de loin ont connu ce petit coin de terre qui existe grâce à un nom : LARRA et qui demeurera, souhaitons le, pour l’éternité !

Souhaitons que notre histoire soit la plus belle et la plus honorable afin que nous laissions le meilleur souvenir possible de notre pas-sage aux générations qui nous succèderont.
Permettez moi de vous transmettre de la part de notre ami l’abbé Marcel Dirat, désolé de ne pas pouvoir venir, à votre intention, un message de « joie et communion ».
Au crépuscule de sa vie, il nous demande de ne pas oublier ces deux mots afin qu’ils nous éclairent en toutes circonstances…
Merci donc à vous tous d’être présents!
Gardez surtout le souvenir d’avoir partagé cette journée pour cette entité toujours omniprésente, notre réalité de tous temps, notre refuge, notre terroir, je veux parler de Larra !
Soyons fiers comme notre clocher qui pointe haut vers le ciel pour affirmer l’existence de Larra et remercions tous ceux qui ont servi notre pays pour que nous vivions libres et heureux à Larra, n’oublions pas ceux dont les noms figurent sur notre monument aux morts !
Trinquons à notre Terre qui nous porte, au Soleil qui nous réchauffe, à la Lune qui fait pousser nos légumes, à la terre nourricière , aux plantes qui nous offrent généreusement de l’oxygène, leurs saveurs, leurs parfums et enfin aux animaux nos fidèles compagnons… Trinquons à LARRA !… »

Ils nous ont quitté !

Marguerite et Louis LACOMBE


En ce mois d’octobre, notre ami Louis LACOMBE s’en est allé rejoindre sa chère compagne Marguerite, nous laissant désormais avec le souvenir ému de deux personnes vraiment hors du commun. Avec leur disparition, c’est tout un chapitre de l’histoire de Larra qui s’achève tant ils ont compté pour notre collectivité!
C’est aussi une partie de la mémoire du village de jadis qui s’estompe mais fort heureusement pour nous ils savaient tous deux avec une grande complicité raconter leur existence et se délectaient de voir nos yeux étonnés à l’écoute de leurs souvenirs! Car ils nous parlaient avec tellement de talent d’une période qui avait connu tellement de bouleversements technologiques et de changements dans notre société qu’ils s’en étonnaient eux mêmes avec un sentiment de crainte et d’interrogations.
Pour pouvoir vivre ils auront dû travailler très durement car la guerre, les difficultés du travail de la terre et même des tâches ménagères ne leur épargnaient aucune peine. Et pourtant ils ont surmonté toutes les épreuves en s’impliquant avec une force et un courage exemplaires. Et s’ils avaient un secret à nous transmettre, il ne tiendrait qu’en quelques mots bien simples mais combien révélateurs: discipline, rigueur, solidarité, respect et sur-tout amitié!
Leur dur labeur leur avait fait connaître les valeurs essentielles qui font la richesse de l’être humain et l’on reste persuadé que tous deux reposeront désormais en paix avec le sentiment du devoir bien accompli.
Merci Marguerite, merci Louis et chapeau bas!

L’abbé Marcel DIRAT
“Grand” et inoubliable !


Il est de ces êtres, pourtant d’apparence si simples et si humbles, mais que l’on qualifie de “grands” tant tout en eux rayonnait d’amour et de bonté et forçait même l’admiration. L’Abbé Marcel DIRAT était ainsi et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer pourront vous dire combien son exemple, ses douces paroles, ses sourires pouvaient vous transcender et vous réchauffer le cœur!
Car si votre âme pouvait s’interroger et s’inquiéter, il savait vous redonner la foi et le courage de croire en la vie et en toutes les valeurs qui font l’être humain!
Un regard, un sourire, une poignée de main et quelques mots gentils, si généreusement distribués, s’adressaient directement à votre coeur car il vous faisait comprendre qu’il vous accordait un bien précieux: sa confiance!
En ce 1er octobre, peu avant minuit, il nous a quitté sans que lui soit épargné son lot de souffrances comme un véritable chemin de croix, mais néanmoins, il savait malgré tout, que tous ses amis et proches étaient là pour se relayer à son chevet et lui donner la main, lui éponger le front et le réconforter!
Qu’ils soient ici tous remerciés, mais surtout, un très grand Merci à Marcel Dirat pour son dévouement admirable au service de nos paroisses qu’il a tant aimées!
Avant de nous quitter, il aimait nous montrer son portrait de jeune séminariste plein d’interrogations (1953), le portrait de sa chère maman et enfin la statue de la Vierge Marie, celle qui l’a accompagné et en laquelle il puisera sa motivation tout au long de son sacerdoce…

Le révérend Père Marie-Antoine, Le “Saint de Toulouse” 1825 – 1907


Le 8 février 2007, la région Toulousaine et plus particulièrement la ville rose, vont célébrer le centenaire de la disparition de Léon Clergue, originaire de Lavaur plus connu sous le nom de “Père Marie – Antoine”.
Un missionnaire Capucin dont la vie et la personnalité vont grandement marquer les esprits au point qu’il fut surnommé le “Saint de Toulouse”!
Une Association vient de se créer à Toulouse afin de préparer cet événement autour de Mme Jacqueline BAYLE, Maire Adjoint de la ville rose et Conseiller Général qui en est la présidente fondatrice.
Michel HASTENTEUFEL qui avait publié dans son ouvrage des anecdotes à propos du passage du Père Marie Antoine à Larra a été préssenti pour être membre fondateur et administrateur de cette association créée le samedi 24 septembre dernier et qui rassemble déjà près d’une centaine d’adhérents historiens et ecclésiastiques de Midi Pyrénées.
Il est vraisemblable que le Groupe d’Histoire de Larra pourra, le moment venu, s’associer à cette célébration car notre croix de mission d’Emmenot fut, comme vous le savez, érigée en 1866 par les Larrassiens en souvenir de la mission du Révérend Père dans notre paroisse.
Autre objectif de l’association:
Compléter et faire aboutir le dossier de canonisation qui est en cours auprès des autorités religieuses…

Saint Séverin : le retour !


Grande émotion pour Michel lorsqu’il découvre gisant dans les détritus du vide grenier de Larra une statue en plâtre brisée en plusieurs morceaux!
Pour lui, aucun doute, il reconnaît une statue du saint protecteur de Larra acquise en 1860 par le curé Esparbié, bâtisseur de notre église (1848-1861) et qui avait disparue depuis de nombreuses années…
Peu importent les circonstances qui ont permis sa préservation, son retour est essentiel!
Cette statue remarquable est signée par François Dominique MONNA célèbre statuaire Toulousain dont les œuvres sont classées!
Après 145 années d’existence et une délicate restauration notre vénérable Saint Séverin a enfin retrouvé son église et chacun pourra désormais venir l’admirer dans notre “maison de l’Histoire” où il siège honorablement.
Notre patrimoine est précieux!.. il mérite notre respect et quelles que soient nos convictions, il est de notre devoir de conserver et préserver les témoignages représentant les valeurs qui ont guidé et soutenu jadis nos générations précédentes dans leurs vies laborieuses…

Un événement, le 5 Décembre 1362 : la bataille de Launac !
Exposé de Michel HASTENTEUFEL
Contexte
Afin de bien comprendre un événement, il est nécessaire d’en étudier le contexte, c’est à dire, connaître les faits historiques marquants de l’époque ainsi que les mœoeurs culturelles et sociales.
Pour cela, nous évoquerons un personnage ecclésiastique qui sera connu pour avoir fondé l’Abbaye de Fontevrault en 1001. Il s’agissait de Robert d’Arbrissel, qui avait adopté la règle Cistercienne de Saint Bernard de Clairvaux établie à l’Abbaye de Citeaux… C’est celui-ci qui, plus près de chez nous, fonda avec Geraud de Sales, l’Abbaye de Grandselve . Nous étions en 1114. Cette Abbaye qui, en accord avec le roi de France fit construire plusieurs Bastides, dont celle de Grenade en l’an 1290.
Il faut citer maintenant un autre personnage incontournable pour notre récit et dont le nom marquera profondément notre histoire de France: Aliénor d’Aquitaine née en 1122 qui sera deux fois Reine, de France d’abord puis d’Angleterre après son mariage avec Henri de Plantagenet.
Aliénor d’Aquitaine (1122-1204)


Duchesse d’Aquitaine et comtesse du Poitou, elle épouse en 1137 le Roi de France Louis VII. qui la répudie en 1152, elle se remarie la même année avec le roi d’Angleterre, le Duc de Normandie Henri II. Plantagenet…
Eléonore plus connue sous le nom anglicisé d’Aliénor d’Aquitaine est la fille du Duc Guillaume X. d’Aquitaine et arrière-petite fille de Guillaume dit « Tête d’étoupe », comte de Poitiers qui réalise au milieu du 10è siècle l’unification du plus grand domaine féodal héréditaire du moyen âge. Et le terme d’héréditaire, a ici toute son importance car il sera la cause initiale de la guerre de cent ans. Que ce soit au niveau de la Normandie que de l’Aquitaine.
Élevée en Saintonge, Éléonore, née à Bordeaux, est sacrée duchesse d’Aquitaine le 08 aout 1137, se voit proposer le mariage avec le roi de France Louis VII. en 1137. Cela ramène dans le giron du royaume de France tout ce grand Sud Ouest de la Loire aux Pyrénées (Aunis, Saintonge, Poitou, Angoumois, Guyenne, Gascogne, Marche, Auvergne, Périgord, Agenais) un quart du territoire actuel de la France… c’est bien plus que n’en dispose ce pauvre Louis VII. le jeune (ou le pieux c’est selon les gens du temps…).
Répudiée en fait pour inconduite (elle aurait en 1148 des relations dites coupables avec son oncle Raymond de Guyenne, Prince d’Antioche), elle est officiellement répudiée et le mariage annulé par le concile de Beaugency le 21 mars 1152 sous le prétexte que son mariage avait été réalisé sans dispense de consanguinité alors qu’elle était cousine de son mari au 12è degré (pour la religion au 6è degré) car ils avaient pour ancêtre commun Robert le Pieux. Moins de deux mois plus tard en mai 1152 elle épouse Henri II. Plantagenet comte d’Anjou et Duc de Normandie, qui devient deux ans plus tard roi d’Angleterre. Après ce mariage les fiefs d’Eléonore sont apportés en dot au roi d’Angleterre qui dépouille ainsi son suzerain de France.
Bientôt les régions côtières les plus accessibles de ses domaines deviennent les portes d’entrée en France des troupes anglaises qui agissent alors en terrain conquis… les agents du fils britannique vien-nent alors collecter les impôts de plus en plus lourd dans ces régions cotières, Aunis Saintonge et les îles de l’Archipel charentais. Cela amène très rapidement des révoltes locales puis plus généralisées… la destruction de villages et de châteaux par les troupes anglaise amène Aliénor a se rebiffer et à émettre des protestations qui sont très mal prise par son roi d’époux qui affirme qu’en fait elle veut favoriser son fils aîné et préféré Richard (le futur cœur de Lion) qui d’ailleurs prend un temps la tête de la révolte, soutenu par Louis VII. mais finit par faire allégeance à Henri II. alors que celui ci vient de faire arrêter et enfermer Aliénor dans la forteresse de Winchester dans le Sud de l’Angleterre (elle y restera seize ans de 1173 à 1189), sans la répudier pour ne pas perdre le bénéfice de la dot… l’héritage poitevin et aquitain.
A la mort d’ Henri II. Plantagenet, c’est Richard qui devient Roi d’Angleterre et qui libère sa mère. Elle revient en Saintonge et s’installe quelques temps au Château d’Oléron quand Richard part en croisade elle assure la régence mais a quelques démélés avec son second fils Jean dit sans terre qui brigue l’héritage (confer W.Scott Robin des bois). C’est Aliénor qui réunira la rançon (1193) permettant à Richard de revenir de terre sainte où il était parti avec son allié d’un temps, le roi Philippe-Auguste de France qui avait succédé à Louis VII.
Elle réussira à le faire se réconcilier avec son frère Jean sans terre. Aliénor aura la douleur de voir mourir en roi victorieux son fils préféré après la paix de Vernon. Comme son père Henri II. Richard sera inhumé à Fontevrault. Aliénor installée à Poitiers finit sa vie en gérant avec beaucoup de clairvoyance et humanité ses fiefs.
A sa mort en 1204 elle viendra rejoindre Henri II. et Richard dans le caveau familial de l’Abbaye de Fontevrault (49) où l’on peut admirer le magnifique gisant.


Aliénor sera très bien élevée et instruite par ses parents. Très belle, on lui donne vite une réputation de femme sensuelle et avide d’amour!
On se souvient que son grand père, Guilhem IX, fut le 1er en date de nos troubadours. (Sa vie privée fut jugée scandaleuse et il eut de nombreux conflits avec ses vassaux, ses voisins et l’église! Il mêlait violence, mysticisme et sensualité débridée… invoquant Saint Julien pour lui pardonner ses frasques et lui donner dela réussite avec ses conquêtes féminines! Durant la croisade qu’il fit avec Godefroy de Bouillon, il composa des poèmes dont l’obscénité fut mémorable. A Niort, il fit construire divers monuments religieux ainsi qu’un “bordel” luxueux où les filles devaient revêtir l’habit monastique et dont il fut le premier client!)
Quant à son père, Guillem X, il eut également des démêlés violents avec l’église manquant, lors d’un accès de colère de tuer Saint Bernard de Clairvaux qui était venu le raisonner!
On avait beau être lettré, soucieux des convenances, amateur d’art et de belle architecture, on n’en était pas moins prompt à la colère et prêt à tous les coups de tête. C’est dans cette atmosphère que fut élevée Aliénor d’Aquitaine.
Epouse de Louis VII, en quinze années, elle n’aura à son grand désespoir que deux filles doutant même au début de sa fertilité! Par contre elle donnera à Henri de nombreux héritiers mâles!

Pour en revenir à notre propos, il faut étudier maintenant d’autres événements survenus en 1286. En effet, cette année là, Gaston VII de Béarn rédigea son testament. En 1290, lors de son décès, alors que l’on fondait notre bastide, ce fut sa fille Marguerite, épouse du Comte de Foix, qui hérita du Béarn.
Un vaste territoire qui faisait ombrage au Comte d’Armagnac Bernard VI, qui voyait là une menace, craignant de ne pas pouvoir faire face à une attaque de son voisin.
Il contesta le testament et la situation s’envenima au point que le Pape et le roi de France durent intervenir fermement en 1319.
Cependant, la rivalité entre Foix et Armagnac ne trouvera pas de répit surtout à partir de 1343, lorsque Gaston Fébus devait succéder à son père!

Gaston Fébus
En 1391, au retour d’une chasse à l’ours dans son Béarn « qu’il tenait de Dieu seul », s’éteignait celui qui fut probablement le prince le plus fascinant de son siècle.
Ce fut un des hommes les plus cultivés de son temps. En effet, il possédait dans sa bibliothèque les dernières compilations encyclopédiques qu’il avait fait traduire en occitan. Ces ouvrages voisinaient avec les grands classiques latins ainsi qu’avec les œuvres consacrées de la littérature et de la musique médiévale.
Lui même fut un musicien au fait des derniers apports polyphoniques de Guillaume de MACHAUT. Ce fut aussi un poète et un écrivain accompli.
Il fut en particulier l’auteur de l’un des plus beaux livres du Moyen Âge, le merveilleux « Livre de la chasse ».
Né, en 1331, Gaston III se retrouva, orphelin de père à 12 ans, dans une situation politique extrêmement délicate.
Pour ses terres de Béarn, Marsan et Gabardan, il devait hommage au roi d’Angleterre à la différence de ses autres terres de Foix, d’Albigeois, de Lautrec et de Nébouzan pour lesquelles il était vassal du roi de France. La réouverture de la guerre entre souverains anglais et français le mettait dans une situation impossible. Et cela d’autant plus que ses rivaux régionaux de la maison d’Armagnac, qui disputaient aux Foix-Béarn l’hégémonie pyrénéenne depuis une cinquan-taine d’années, étaient en position de force dans la mouvance française.
Gaston III manœuvra remarquablement. Il s’abstint de participer aux opérations militaires qui aboutirent au désastre de CRECY et affirma aux envoyés du roi de France qu’il tenait le Béarn de Dieu.
Il consolida sa position en épousant la sœur du roi de Navarre, devenant par la même occasion le beau-frère de Philippe VI. Il n’alla pas davantage aider Jean le bon à Poitiers prétextant une campagne de ses alliés aragonais contre la Castille. Le retour de la paix entre les royaumes de France et d’Angleterre lui offrit un certain répit politique. Ce titre de prince de Béarn qu’il s’était attribué face aux exigences françaises, le fait reconnaître et redouter dans toute la chrétienté. Une croisade aux côtés des chevaliers Teuto-niques en Prusse orientale allait lui permettre d’affirmer ses qualités de chevalier et d’homme de guerre qu’il avait réfrénées jusque là avec un réalisme étonnant pour son âge. Au retour de cette croisade brillante, il sauva l’épouse du futur roi Charles V encerclée dans Meaux par une multitude de paysans révoltés.
A partir de ce moment là, il s’attribua le nom de « FEBUS » accompagné de la fière devise occitane « Toca’i si gausas » qui signifie « Touches-y si tu l’oses ».
Il était urgent d’affirmer sa puissance au niveau régional avant l’organisation de la grande Aquitaine anglaise que le Prince Noir avait obtenue lors du traité de Brétigny en 1360.
Fin 1362, il écrasa la coalition du Comte d’Armagnac à LAUNAC, capturant la majorité de ses adversaires et leur extorquant une énorme rançon de 600 000 florins d’or qui en
fit un des seigneurs les plus riches de son temps. Il n’hésita pas à répudier son épouse qui venait de lui donner un fils car il n’avait pas recouvré l’intégralité de sa dot.
FEBUS put, dès lors, moderniser la gestion de ses domaines en substituant une administration compétente et spécialisée à la vieille aristocratie terrienne. L’expansion économique liée à la paix et au développement commercial lui donna des ressources pour protéger ses terres par une densité de châteaux exceptionnelle. Son objectif politique majeur était maintenant de raccorder ses terres de Béarn et de Foix en mettant la main sur la Bigorre et le Comminges. La Bigorre était passée théoriquement sous contrôle anglais après 1360. Elle était en réalité sous la coupe de Febus car les garnisons de Mauvezin et de Lourdes, les deux nids d’aigles de ce comté, lui étaient favorables. La reconquête de la Bigorre et la prise de Mauvezin par l’armée royale du duc d’Anjou, au profit du comte d’Armagnac, contrarièrent évidemment ses projets. La guerre contre l’Armagnac reprit donc et Febus assiégea et obtint la capitulation de son rival à Cazères.
Il récupéra le château de Mauvezin, d’une importance stratégique capitale entre Bigorre et Comminges. Ainsi, il allait pouvoir dans un premier temps entretenir un climat d’insécurité à partir de la garnison soi-disant anglaise de Lourdes qu’il manipulait, avant de proposer sa protection aux seigneurs et communautés de Bigorre et de Comminges. La possession de Mauvezin donnait une complète crédibilité à cette politique. Pour conforter ce choix, il transforma le château en forteresse inexpugnable par la construction d’un énorme donjon-porte de 37 mètres de haut et en couronna les murailles de mâchicoulis. Ainsi, en une dizaine d’années, il contrôla la Bigorre, la majeure partie du comminges et du Toulousain, la Soule et la région de Bayonne.
En 1380, se produisit le drame qui jeta une ombre terrible sur la réussite exceptionnelle de Gaston Febus. Dans un accès de colère, il tua son fils unique qui aurait tenté de l’assassiner. Son héritier légitime était le bras d’un complot regroupant le roi de Navarre et des dignitaires béarnais…
La décision qu’il prit en 1390 de faire du roi de France son héritier universel contre une énorme somme d’argent n’était certainement pas dénuée d’arrières pensées.
Ainsi les Foix-Béarn parvinrent à conserver leurs domaines puis à les accroître de génération en génération. Leur accession au trône de Navarre un siècle plus tard allait leur permettre de s’emparer ensuite de celui de France avec le futur Henri IV.

Vers 1293, un conflit entre pêcheurs français et Anglais au large des côtes de guyenne entraîna la colère du Roi de France qui somma le Roi d’Angleterre de rendre l’Aquitaine et la Guyenne.
Curieusement pour nous, Philippe IV le bel délégua les Abbés de Grandselve et de Belleperche, accompagnés par le Connétable de Nesle et le Comte de Valois pour signifier à Ed-ouard Ier ce jugement.
Il faut dire que la mission de notre Abbé Raymond Esparbès se solda par un échec cuisant!
Autre date à retenir: 1328. En effet, Philippe IV, dernier roi issu de Philippe le Bel décède sans héritier mâle. Entre les deux héritiers possibles, Philippe de Valois, fils d’un frère de Philippe le Bel et Édouard d’Angleterre, fils d’une soeur de Philippe VI, les juristes penchèrent pour le premier qui devint Philippe VI de Valois.
Edouard, trop jeune sur le moment, ne tardera pas à réagir pour contester ce jugement et l’occasion surviendra en 1338!
Un conflit commercial entre drapiers de Flandre, décidera Édouard III à envoyer le comte de Derby, Henri de Lancastre pour conquérir la Gascogne et prendre la Couronne de France!
La “Guerre de cent Ans” est commencée!
A ce moment là, notre région faisait face à une épidémie de peste très éprouvante.
En 1340, Edouard III se proclame Roi et envoie trois armées en Aquitaine, en Normandie et en Flandre.
Le Comte de Lancastre de sinistre mémoire revint accompagné cette fois par le Prince de Galles que nous connaîtrons sous le surnom de “Prince Noir”! celui là même qui revint à plusieurs reprises piller et ravager notre campagne Toulousaine et nos propres villages!
En 1346, la bataille de Crécy signifia la défaite Française et instaura une paix précaire.
Les “grandes compagnies” de mercenaires et de brigands terrorisaient la population de nos contrées lorsqu’en 1348, survint la terrible épidémie de peste “bubonnique” qui décima le tiers des habitants de l’Europe!
Notre région fut exangue et dût subir en 1355, à nouveau plusieurs raids très dévastateurs de la part du Prince Noir, Edouard de Woodstock, Prince de Galles.
Gaston Fébus en profita pour semer la désolation et le trouble en attaquant Toulouse dont il incendie plusieurs quartiers. Le Dauphin de France dut payer une somme de 200 000 florins d’or pour obtenir la fin de ses exactions!
Vers 1360, le traité de Brétigny ordonnait à tous les princes de France à rendre hommage au Roi d’Angleterre.
Les Anglais sont maîtres de notre campagne et c’est le mo-ment que choisit Gaston Fébus pour défier le Comte Jean 1er d’Armagnac. En effet, le Prince de Béarn était terriblement vexé car le Roi avait préféré désigner Armagnac pour être son lieutenant Général en Languedoc!
La bataille devait se dérouler à Launac pour les Historiens mais pour nous on la situera plus précisément au lieu dit Palot qui se trouve à la fois sur Launac, Larra et Bretx.

Un témoin raconte :

C’est vrai qu’elle était plus forte que la nôtre, l’armée d’Armagnac. A tout le moins par le nombre des chevaliers et soudoyers montés.
“ Avec le comte Jean qui paradait sous sa grande bannière, étaient Pierre Raymond II, comte de Comminges, Arnaud Guillhem, comte de Pardiac, le comte de Monlezun, le comte de Montesquiou, Jean, vicomte de Fezensaguet, Jean de la Barthe, seigneur d’Aure, Amanieu d’Albret et ses frères Bérard et Géraud, les seigneurs de Terride, du Falga, d’Aspet, de Xantrailles, de Barbazan de Castelbajac, de Sensacq, de Lomagne, de Rivière, de Montcaut, de Vergonhet, de Pontenas, de Gunat, de la Barrière, de Bilsera…etc… Chacun de ses suzerains, grands et moins grands, avait appelé le ban et l’arrière-ban de ses vassaux et hommes de lignes armés, ses écuyers et soudoyers. De plus Jean 1er avait loué de nombreux routiers.
Formidable bloc hérissé de lances et de bannières, telle était son armée: rien ne semblait pouvoir lui résister!
« Lorsqu’elle se déploya en muraille d’acier, certains des nôtres blêmirent tandis que les Armagnacs exultaient, impatients de se ruer à l’assaut.
« Monté sur son plus puissant destrier, Fébus avait revêtu sa brillante armure d’acier gris argenté mais, à son habitude, il n’avait pas encore coiffé son bassinet de combat ; il ne le ferait qu’à l’ultime moment. Sa blonde crinière était pour les siens, signe de ralliement et grand réconfort moral . Autour de lui étaient, en grand arroi, les vassaux catalans, vicomtes de Cardone, Pallars et Castelbon ; puis se pressaient ses alliés, les comtes d’Astarac et de l’isle-Jourdain ainsi que les grands feudataires du pays de Foix avec le célèbre routier Petit Meschin et ses meilleurs hommes. Pas un Béarnais, pas un seigneur du Marsan ni du Gavardan : ils étaient dans l’armée de Béarn, en tous points semblable à celle-ci et prête à intervenir là-bas, sur les arrières de l’Armagnac lorsque le com-mandant en chef l’ordonnerait.
« L’armée fuxéenne se dressait donc devant celle d’Armagnac en muraille d’acier de mille chevaliers couverts de fer, chacun ayant derrière lui les hommes de sa lance, protégés par de petites cottes de mailles et de cuir sous le gambeson rembourré et coiffés du « chapel de Montauban » à larges bords. Munis du bouclier triangulaire pour s’abriter, ils avaient, qui le long crochet pour désarçonner les cavaliers, qui la faux à long manche pour trancher les jarrets des chevaux, qui la lourde cognée pour fracasser casques et cuirasses ; avec en outre des épées, dagues percemailles ou miséricordes à fine lame triangulaire implacable, couteaux à plates ou poignards-massues qu’on lance par la pointe.
« Les archers, tout de vert vêtus – c’était la couleur préférée de Fébus et d’ailleurs celle qui favorise le mieux les mouvements sous bois ou en lisières de taillis – avaient le grand arc gallois. Soigneusement entraînés, ces archers étaient la masse de manœuvre qui avait décidé des victoires anglaises à Crécy et à Poitiers.
« Telles furent donc à Launac les forces en présence, visible-ment plus nombreuses dans le camp d’Armagnac.
Sentant quelque appréhension dans leurs premiers rangs Fébus harangua ses troupes en rappelant qu’il avait le bon droit pour lui puisque c’était Armagnac qui avait rompu la trêve et qu il serait puni par justice de Dieu. « Haut-les coeurs donc, puisque le Tout-Puissant est avec nous » !
« Persuadés que le Tout-Puissant était avec eux, les Armagnacs se gaussaient bruyamment de Fébus et des Fuxéens. Cependant, comme l’heure de midi était là, on s’employa dans les deux camps a prendre des forces pour l’affrontement à venir.
« Se restaurant donc, les combattants échangeaient des injures, des lazzis, des provocations, des défis. Il y en eut qui firent goûter leur vin à ceux qu’ils allaient essayer d’occire ensuite. Certains convinrent de se mesurer personnellement dans la bataille.
« Enfin fut donné le signal tant attendu. Comme deux marées
déferlantes, les armées se lancèrent l’une vers l’autre, au grand
galop de charge, lances braquées, chacun visant quelqu’un d’en face. Les chefs voulaient que ce premier coup de boutoir fut décisif. C’était la manière française, celle du taureau qui déboule droit devant, cornes baissées.
« Le choc se produisit, formidable de fracas et de fureurs. La cavalerie fuxéenne fléchit mais se ressaisit vite grâce à Fébus qui combattait au premier rang en preux chevalier.
Notre sire ayant coiffé exceptionnellement le bassinet de combat, on le reconnaissait à son panache et à sa bannière.
« Le choc se produisit, formidable de fracas et de fureurs. La cavalerie fuxéenne fléchit mais se ressaisit vite grâce à Fébus qui combattait au premier rang en preux chevalier. Notre sire ayant coiffé exceptionnellement le bassinet de combat, on le reconnaissait à son panache et à sa bannière.
« La charge n’ayant été décisive pour aucune des armées, la mêlée se noua, extraordinairement confuse, faite de centaines de combats particuliers dans une ambiance frénétique et tragique. Car la Mort était là, avec sa grande Faux.
« Chaque chevalier s’efforçait d’amener son adversaire à merci pour en obtenir une rançon, mais dans le feu des combats, les armes étaient souvent meurtrières, surtout lorsqu’elles frappaient des hommes à pied, moins cuirassés que les cavaliers. Moins respectés aussi.
« Les armures, lorsqu’elles étaient de bonne confection, protégeaient de la plupart des coups et ce n’est que lorsque le chevalier était à terre, désarçonné parce qu’une faux avait tranché les jarrets de son cheval, ou parce qu’un long crochet tiré par un adroit crocheteur l’avait fait basculer, qu’il courait un réel danger. Le danger d’une fine miséricorde glissée par une jointure de la carapace de fer ou celui d’un formidable coup de cognée crevant le heaume ou disloquant les plates. Encore le chevalier tombé était-il aussitôt entouré par les hommes de sa lance qui le protégeaient et l’aidaient à remonter à cheval. C’étaient, autour de lui, de formidables combats d’hommes à pied, les uns faisant abri avec des boucliers, les autres tâchant surtout de capturer vivant le seigneur à rançonner.
«La mêlée se prolongea et Fébus fut légèrement blessé. Mais il ne quitta pas son poste, impatient de voir sa manœuvre se dessiner. A durer trop, l’empoignade risquait de tourner en faveur des Armagnacs qui avaient le nombre et aussi, il faut le reconnaître, beaucoup de courage et de savoir-faire guerrier.
« Tout tourna d’un seul coup, lorsque les archers fuxéens, exécutant les ordres, eurent achevé le mouvement d’enveloppement qui, par les couverts, les mena sur les arrières de l’ennemi. Arrivés à bonne distance sans s’être faits apercevoir, ils firent pleuvoir leurs traits par volées innombrables sur les chevaux ennemis qui, protégés seulement au poitrail, furent cruellement atteints à la croupe et au ventre. Affolées, les puissantes bêtes ruèrent, se cabrèrent, s’abattirent dans de grands désordres de sabots lancés par-tout. Les cavaliers, incapables de les contenir, s’écroulaient dans des fracas de ferrailles. La confusion se propagea des arrières de l’armée d’Armagnac jusqu’aux premiers rangs engagés dans de difficiles duels. Comme un château miné qui s’écroule pan par pan, le formidable conglomérat de chairs et de fers qui bataillait sous les bannières du comte Jean, s’effondra, se disloqua, se dispersa dans un vent de panique effroyable.
Victoire, victoire, braillaient les Fuxéens. Febus aban ! Febus aban !
« Tout fut terminé avant la chute du jour. De la puissante armée d’Armagnac, il ne restait que des cadavres qu’on dépouillait, des blessés aux plaintes sans espoir et des fuyards qui tâchaient d’échapper aux chasseurs de rançons… ».
Le comte d’Armagnac fut pris ainsi que la plupart de ses grands alliés…
Telle fut la grande victoire de Launac, le 5 décembre 1362.
Comme à Crécy, comme à Poitiers, « la façon anglaise » de conduire la bataille avait prévalu sur la sotte « façon française». Les formidables escadrons de fer lancés en ouragan aveugle étaient défaits par la pluie des flèches venant de côté ou des arrières. Fébus avait compris la leçon et l’avait renouvelée en intelligent chef de guerre.

900 “gentilshommes” furent pris et, c’est au château de Launac que Gaston Fébus dicta ses exigences après avoir fait transférer ses prisonniers au château de Foix.
Il exigea 1 million de florins d’or pour leur libération dont un montant de 300 000 pour le seul comte Jean qui mit trois ans pour réunir la somme!
Grâce à sa force, Gaston Fébus reçut les faveurs du Duc d’Anjou qui était lui aussi jaloux des faveurs royales envers Jean 1er.
En 1373, alors que Jean 1er décédait, Fébus essaie de reprendre les armes contre Jean II, mais, en 1379, le Roi de France, le menaçant de son armée commandée par le Duc d’Anjou, fit accepter une trève à Gaston qui fut signée à Tarbes et qui se concrétisa par le mariage de la fille de Jean II et du fils de Gaston qui était né en 1362. (les époux avaient 10 et 12 ans.)
En 1380, dans un accès de colère, Gaston Fébus, tuera son Fils qu’il soupçonnait de vouloir l’assassiner !..
La guerre de Cent Ans était loin de s’achever et notre campagne dût encore souffrir des exactions des Anglais et des mercenaires issus des grandes compagnies…
Lors d’une prochaine rencontre, nous vous présenterons l’historique des raids du Prince Noir dans notre contrée…
A suivre…