2005 Mai – Compte rendu

Compte rendu de la réunion du vendredi 13 mai au château de Larra.

Un Blason pour LARRA (Jacques SIRVEN)
Le jeudi 12 mai, Jacques Sirven et Jean-Louis Frapech ont assisté au conseil municipal afin de présenter le projet définitif. Le conseil a émis un avis favorable et le groupe histoire se félicite d’avoir réussi à créer ce blason qui représentera désormais notre village. Notre ami Jean-louis se propose de réaliser des marques pages ainsi qu’une maquette de grande taille du blason et nous l’en remercions.

L’archéologie à Larra (Michel HASTENTEUFEL)
Michel poursuit son exposé, en rappelant les grandes lignes de l’histoire antique du sud de la France et plus particulièrement de la région Toulousaine, afin d’établir des repères chronologiques pouvant servir de trame à l’histoire de Larra.
De la fin de la préhistoire qui s’achève avec le néolithique, les traces archéologiques sont évidentes et presque abondantes. Plus rares sont les vestiges issus des premiers âges des métaux, sinon quelques soupçons de présence logique durant les périodes des grands flux migratoires de l’époque des Etrusques, des Grecs et des Chasséens dont quelques fragments de poteries caractéristiques ont été découverts à En Bergé.
On insistera sur la période du dernier millénaire avant J.C, qui connaîtra le recul probable vers les Pyrénées des peuplades autochtones issues de notre préhistoire face aux nouveaux arrivants provenant des régions du Danube, de la péninsule Italienne ou d’Ibérie. Les Celtes, les Ibères et les Ligures composeront la multitude de tribus constituant la Gaule naissante.
On s’intéressera évidemment aux Volques Tectosages qui seront à l’origine de la naissance de la Toulouse antique sur les hauteurs de Pech David. Leur monnayage d’argent caractéristique, les monnaies à la croix, se trouvent en abondance dans notre région et Larra n’échappera pas à la règle, car le site Gallo Romain de Pièce Grande en fournira quelques exemplaires.
Il est donc logique de penser que l’histoire de Larra est intimement liée à celle de Toulouse.
Mais quelle est donc cette histoire de Toulouse ?
Les sources historiques :
• Etienne de Gan (1452)
Fondation de Toulouse par Lémosin fils de Tubal, petit fils de Japhet, arrière petit fils de Noé… en 3916 de la création du monde et donc 533 ans avant la création de Rome ! (origines glorieuses !)
• Nicolas Bertrand (1555)
Les trois fils de Noé, prirent chacun l’Afrique, l’Asie et l’Europe pour Japhet… « Toulouse étant en Europe, elle fut forcément fondée par le petit fils de Japhet ! » Logique non ? De plus il affirme : de Japhet descendraient les « gentils » depuis faits Chrétiens ! (origines encore plus glorieuses !)
• Antoine Noguier (1556)
Celui-ci reprend toutes ces affirmations mais nous donne une information en parlant de Japhet en précisant que celui-ci avait remonté le cours du Danube en direction de l’Ouest à la recherche de nouvelles terres prospères…Il cite même les petits fils en question : Tubal et Tolus…
Tubal plutôt Ibérique avait pour fils ce Lémosin fondateur de Toulouse… De même, selon lui, Tolus serait le véritable fondateur, plutôt d’origine troyenne… Alors, si l’on sait que Tolus est sorti d’une interprétation erronée d’un document ancien lui même douteux, qu’importe, le but était évidemment de prétendre que Toulouse était bien née, surtout avant Rome en lui attribuant même le rôle de berceau de l’antiquité !
Par contre, celui-ci, apporte une précision quant à l’emplacement de la ville initiale qu’il situe sur les hauteurs de Pech David actuellement « vieille Toulouse ».
Contrairement à Tubal et Lémosin qui sont incertains, TOLUS ou TOLOSUS le fondateur de la ville aurait existé… (1200 Av JC…défaite de Troie « illiade » d’Homère…)
Probablement établis entre méditerranée, atlantique et Pyrénées, ses descendants tous rois ont petit à petit établi Toulouse comme leur capitale et ainsi en 1490, on cite toute une lignée de présumés rois mythiques ou légendaires… Tolus/Romulus… il fallait que Toulouse soit antérieure à Rome ! Et pour enfoncer le clou on insiste sur le système des capitouls qui siègent au « Capitole » preuve de l’antiquité de la ville !
(On sait que capitole provient en fait d’une traduction en langue d’oc : « capitolium » du mot capitulum qui désigne en fait le « chapitre » en latin. (Le chapitre étant l’instance dirigeante des villes du Moyen-Âge qui était souvent constitué de quatre magistrats (réminiscence des Quatuorviris romains qui administraient les villes latines). Comme on ignorait tout à l’époque de la période des wisigoths (le bréviaire d’Alaric), on faisait descendre la gestion de Toulouse à la plus haute antiquité, preuve irréfutable qu’elle servira plus tard d’exemple aux romains !
Qu’en est-il de l’étymologie de Toulouse ?
Probablement une origine Celtique :

Tol : « Endroit surélevé » ou tertre en langue Celtique (généralement situé au bord de l’eau)
Haus : « Habitation » en langue Celtique
Cette étymologie est bien entendu non confirmée mais reste la plus plausible… en effet, toutes les villes ayant cette même racine étant situées de manière identique sur un monticule. (Toulouse le château dans le Jura, Toulouzette dans les Landes, et deux autres Tolosa en Espagne…)

La Légende de L’Or de Toulouse
C’est vers moins 400 ans avant J.C. que le Roi des Arvernes, Ambigat, préoccupé par une trop grande démographie, donna l’ordre à 300 000 hommes, femmes et enfants de se mettre en marche pour un long périple qui devait durer près de 200 ans soit cinq générations !
Les récits légendaires précisent que l’ensemble se partagea en deux groupes commandés par les neveux du Roi. Le groupe de Bélovèse progressa vers l’Italie et il réussit l’exploit de prendre Rome et ses richesses !
Le deuxième commandé par Ségovèse, se dirigea vers la Grèce attiré par les richesses accumulées dans le temple de Delphes. Tous ces guerriers étaient redoutables et expérimentés au point que personne ne pouvait leur résister… Les romains de la république naissante avaient cédé et les Grecs, malgré leur force avaient énormément de difficultés.
Lors de l’approche de Delphes, les 150 000 fantassins, les 20 000 cavaliers et le convoi de 2000 chariots commandés par Brennus vont se heurter au gros de l’armée Grecque…
Les pertes en vies humaines sont énormes tant les combats sont rudes ! 20 000 celtes sont tués et Brennus décide d’envoyer 40 000 des siens pour attaquer l’Etolie afin de diviser les Grecs. Il réussit mais dans les combats qui suivent 6000 hommes périssent auxquels s’ajoutent 10 000 autres qui ne sont autres que des Celtes qui par erreur et affolement s’entretuent dans la nuit…
Pendant les combats, un groupe de Celtes réussit à contourner les Grecs et pénètre dans Delphes qui n’est pas défendue car tous les défenseurs sont à la bataille…
Ils s’emparent alors de tous les trésors qu’ils vont apporter à Brennus qui avait été blessé.
Celui-ci, comprenant alors que la position allait être intenable, prit la décision de battre en retraite. Il ordonna d’achever tous les blessés qui ne seraient pas en état de suivre l’armée, y compris lui-même !
Après avoir exécuté ses ordres, on lui fit de grandioses funérailles… et ce fut le retour.
Après tant d’années de combats, le groupe arriva à Toulouse, la terre ancestrale qui à ce moment là était ravagée par une épidémie de peste… Les arrivants furent mal accueillis et on leur reprocha d’être à l’origine de la malédiction. La terreur est telle qu’il fut décidé de jeter dans le Lac Sacré toutes les richesses des Volques afin d’obtenir la clémence de leur Dieu Bélénus! On y dépose même tout l’Or qui provenait de l’Ariège…
Après cette sanglante épopée et tous ces malheurs, le calme et la paix règnent à nouveau dans la région.
C’était sans compter sur les Romains qui étendaient d’une manière inexorable leur domination…

Conquête de Toulouse par les Romains (– 106Av J.C.)
Contexte :
Toulouse est calme et prospère après le retour des Volques vers -278Av JC.
• La peste du retour n’est plus qu’un mauvais souvenir…
• Tout l’or quel qu’il soit, a été immergé dans le lac sacré…
• La ville est administrée par un conseil de sages vieillards et est reconnue pour sa splendeur… Originalité, les femmes sont vénérées à l’égal de déesses et sont très écoutées et respectées lors des assemblées… Grande équité des tribunaux, pas d’esclavage…
• le commerce avec les colonies Grecques avait apporté une grande culture, l’érudition, l’écriture et enfin une religion paisible qui avait fait abandonner les sacrifices humains… Le culte des sources et des arbres proche de la nature, raffiné fait d’un amour profond presque charnel pour la terre nourricière sera plus tard le terrain favorable pour le Christianisme (contrairement au paganisme Gréco-romain purement utilitaire et dénué de toute sensibilité…)
La Gaule reste cependant un agglomérat de peuplades et seuls les Arvernes semblent alors avoir eu la suprématie…
En 218 Av JC, au cours de la lutte entre Rome et Carthage, Hannibal passe les Pyrénées et les romains très inquiets demandent l’aide des Tectosages pour le stopper !
Ceux-ci décident de jouer la neutralité et les Romains leur en garderont une grande rancune !
Après avoir battu Carthage au prix de mille difficultés, les Romains dominent l’Espagne… Mais pour eux, les territoires entre l’Italie et l’Espagne se doivent d’être également maîtrisés…
Pour se débarrasser de brigands des montagnes qui les harcèlent les Marseillais font appel à Rome qui va se servir de l’occasion pour commencer la conquête.
Les allobroges, voisins, décident de s’allier aux brigands pour tenter de contenir la progression romaine avec l’aide des autres tribus qui se jettent dans la bataille.
Mal leur en prend car alors, les Romains s’imposent et soumettent le territoire qu’ils appelleront la Province (Provence) et la Narbonnaise. A Toulouse les Romains placent une garnison en avant poste pour se protéger de la région aquitaine qui leur est encore inconnue…
Arrive alors l’invasion des Cimbres (teutons) qui veulent s’emparer de la Norique… A leur grande surprise, ils battent les Romains et arrivent jusqu’à la vallée du Rhône !
Les esprits Celtes s’échauffent et les Tectosages qui étaient occupés par les romains, rêvent d’une possible victoire et emprisonnent aussitôt la garnison romaine de Toulouse!

L’armée Romaine réussit cependant à reprendre le dessus et c’est alors que Toulouse fut la proie du gouverneur de la Narbonnaise : le Consul Quintus Cépion qui, à la faveur de complicité et de traîtrise, réussit à reprendre la ville et par vengeance, la pilla avec sauvagerie.
Celui-ci connaissait les usages des Volques et il s’empara aussitôt des offrandes immergées au fond du Lac Sacré…
L’or de Toulouse : 70 tonnes d’or et d’Argent !
Sous le regard abattu des Volques, le consul prit la route vers Rome. Mais pour lui aussi, l’or devait lui apporter la malédiction. En effet, le convoi du Consul sera attaqué et le chargement repris en grande partie par les Cimbres !
Honte suprême pour Rome qui à son arrivée le condamnera a mort. Sa famille fut déchue et jetée à la prostitution …
Il réussit néanmoins à s’exiler à Smyrne ou il mourra peu après… Son nom restera longtemps associé au malheur qui s’acharne sur quelqu’un…
L’or fut dispersé aux quatre coins du monde mais, dans tous les esprits, perdurera le souvenir de la splendeur de Toulouse et on conservera celui non moins fascinant qu’elle fut jadis un haut lieu du mysticisme Celte avec son temple prestigieux d’Appolon-Bélénus et son Lac Sacré.

PROCHAINE RÉUNION :
Vendredi 17 juin 20h30 au château de LARRA.