2006 Janvier Compte rendu

Une Société Savante ?

Chacun d’entre nous poursuit inlassablement sa quête pour parfaire ses connaissances dans les domaines qui le passionnent. Cela implique souvent de dévorer des livres ou parfois de participer à des réunions spécialisées de groupes ou d’associations . C’est bien là que réside la vocation du Groupe Histoire de Larra : donner à ses participants la possibilité d’échanger leurs savoirs ou même de profiter des recherches des autres avec en plus le plaisir de partager de précieux moments d’amitié.
Mais cela n’est pas l’unique objectif: le rôle de ce genre de structure, appelée “société savante” consiste à être un centre de formation et d’initiation des jeunes en leur offrant un public, en orientant leurs recherches, en leur ouvrant l’accès de certains fonds privés tout en facilitant la publication de leurs résultats.
Les “sociétés” ont également pour rôle d’offrir un terrain neutre d’échanges et de confrontations entre chercheurs dans différentes disciplines et favoriser les découvertes.
Enfin, elles peuvent jouer un rôle de représentation et d’information: représentation auprès des administrations et information auprès du public. Ce dernier point étant essentiel car la publication des travaux de recherche est fondamental: il permettra toujours de faire de brillantes synthèses car seuls les érudits locaux connaissent les lieux, les hommes et découvrent des sources inédites qui feront le bonheur des futurs chercheurs et professeurs.
Ainsi, nous comprenons mieux l’importance de cette petite publication que nous diffusons auprès des deux premiers “cercles” de nos sociétaires. Cependant, nous comprenons qu’il faut également le diffuser auprès du troisième cercle c’est à dire le grand public. En effet, de nombreuses personnes n’ont pas le temps ou les moyens de venir assister aux réunions tout en possédant par contre des compétences ou des informations qui seraient utiles à l’ensemble des chercheurs ou réciproquement à eux mêmes.
Le groupe de recherche de GRENADE sur GARONNE, a décidé pour sa part de faire deux publications annuelles.
Son Président, Monsieur Jean Louis FRAPECH, nous présenta le premier exemplaire de ce bulletin lors de notre réunion du vendredi 13 janvier dernier. Celui-ci, diffusé à plus de cent exemplaires devrait permettre de couvrir enfin partiellement les trois cercles que nous évoquions.
Dans le but d’augmenter l’impact de cette action, il nous propose donc de participer au contenu du bulletin en y incluant les comptes rendus de nos propres recherches.
Bien entendu, cette proposition a accueilli un avis très favorable et nous en remercions nos amis Grenadins!

La Bataille de Valmy
Directeur d’école primaire à la retraite, notre ami Christian CABE nous fait part de ses interrogations à propos de la “vérité” historique des cours d’histoire qu’il a enseigné durant sa carrière…
En effet, nous explique-t-il, “il est frappant de constater en relisant d’anciens manuels d’histoire combien les faits et les événements sont vraiment éloignés de nos connaissances actuelles! De nos jours, les chercheurs, les archéologues, les scienti-fiques ont considérablement remanié toute notre con-naissance du passé et les vérités d’hier sont parfois même aujourd’hui de véritables non sens historiques!
Parfois même, les historiens de jadis n’hésitaient même pas à remanier les faits afin de flatter notre orgueil national… A titre d’exemple, prenons la fameuse bataille de Valmy:

En fait, nous savons que cette bataille n’a pas eu lieu et que les deux armées se firent seulement face avec quelques canonnades et qu’une mésentente au sein du commandement prussien, et une météo défavorable obligèrent ceux ci à se retirer!
Les français, surpris de ce repli, crièrent effective-ment victoire et la nation fut sauvée d’un désastre certain!”

Le Château de Landery
Enquête de Jacques SIRVEN, Jean-Louis FRAPECH et Michel HASTENTEUFEL.

Monsieur Michel COMBY, que nous connaissons pour son remarquable travail d’historien sur la commune de THIL, nous demande de l’aider à renseigner son ami descendant de la famille FLOTTES de POUZOLS qui résida jadis au château de Landery à LARRA et qui s’interroge sur le passé historique de cette demeure.
Bien évidemment cette question interpelle vivement le groupe de LARRA qui se propose de faire le point sur les éléments qui sont en notre possession et de les transmettre à notre collègue Thilois.
En fait, il nous est difficile d’être concis à propos de cette bâtisse car les sources nous font défaut. Nous savons que cette propriété appartenait à la famille Du Pin de Saint André avant que n’y réside à son tour la famille Flottes de Pouzols.

La famille Flottes de Pouzols fera d’importantes donations à la paroisse de Larra: le splendide autel en marbre de notre église ainsi qu’une des trois cloches.
Il faut avouer que ce lieu est très intriguant.
La tour dite “vieille”, par comparaison à sa voisine, réplique moderne (photo ci-dessus), laisse supposer une origine relativement ancienne comme l’attestent également ses matériaux de construction.
Son emplacement idéal pour surveiller toute la vallée de la Save ainsi que le plateau en font un poste d’observation privilégié.
Le nom à consonnance Anglaise et le fait établi que les Anglais étaient installés dans la région de Grenade en 1390, laissent supposer que ce sont eux qui auraient bâti la tour? C’est l’hypothèse qu’avance Michel tout en admettant qu’elle sera difficile à étayer.
Une vérification sur les cartes de Cassini datant de 1740 révèle que le nom “Landery” n’y figure pas et qu’en cet endroit, figure un bois. Il est curieux que les géomètres de l’époque n’aient rien noté à moins que dans ce bois ne subsistaient que des ruines enfouies sous la végétation? Cela est probable.
Jean Louis Frapech précise que le nom a peut être une origine gauloise ou germanique car on retrouve la racine “land” dans le vocabulaire de ces peuples.
Jacques Sirven indique qu’il faudrait avant tout faire une recherche sur les plans du cadastre de 1744 afin de voir si une bâtisse est indiquée sur ceux-ci et rappelle au groupe qu’un travail décisif pourrait être effectué en recherchant dans les archives notariales…
Comme on le voit, les recherches s’avèrent à la fois nécessaires et passionnantes!

Les coutumes de Galembrun (suite par Jacques SIRVEN)

Pour faire suite à notre travail du mois de décembre Jacques Sirven achève de nous commenter les derniers chapitres de la charte de coutumes de Galembrun.
Au cours de l’exposé, le groupe histoire mesure assez justement les équilibres précaires qui régissent la société du 13ème siècle. (On notera que la lecture de l’ouvrage “la lande aux bruyères” de notre ami Claude Rannou du Burgaud décrit parfaitement cette époque).
Jacques Sirven nous fait ensuite lecture d’un texte qui a été rapporté en 1811 concernant Galembrun et Larra…
Il s’agit d’une réplique faite par les habitants de Launac à ceux de Galembrun qui demandent leur autonomie.
“ La comparaison que vous faites de GALAMBRUN à ce qu’il vous plaît d’appeler le hameau de Larra est aussi peu juste que celle que vous faites de vous avec Grenade. Quand cette ville, une des plus jolies, des mieux situées, des plus riches et des plus populeuses de la contrée comprendrait dans son territoire plusieurs hameaux, il serait absurde qu’ils voulussent se priver des avantages que leurs habitants peu fortunés retirent de leur réunion avec elle.
Mais voici la vérité: ce qu’on appelle LARRA n’est autre chose que le château de Mr. de Tournier qui a chez lui une chapelle domestique desservie par son aumônier quand il y réside avec sa famille.
Il y a d’ailleurs six ou sept hameaux dépendant tous de Grenade et plusieurs très près de cette ville composés chacun d’un petit nombre de maisons, très distincts l’un de l’autre, ayant chacun son nom particulier :
Emmenaud, Ricancelle, Beylard, Cantegril, la Brameyrie, les Dufaut. Il est aussi facile de sentir la différence qu’il y a de cette petite réunion de métairies éloignées les unes des autres d’une demi lieue ayant chacune son nom n’ayant ni clocher, ni paroisse, ni dénomination qui les comprenne toutes, à un village très ramassé qui, de tous les temps a été paroisse et communauté que de se persuader que le vol d’un chapon de Launac ne sera pas trop rétréci dans son territoire; il est assez gras dans le moment, mais pour si maigre qu’il puisse devenir, il n’aura pas à se plaindre quand on ne lui donnera que la faculté de s’étendre que, comme par le passé, sur une circonférence de trois mille arpents….”
C’est curieux de savoir que la paroisse de Galembrun ne réussira pas malgré ses atouts à obtenir son autonomie administrative comme commune alors que l’ensemble des hameaux de Larra réussiront à le faire en 1955 grâce à l’habileté de son premier Maire Maurice Pontich !
Galembrun et même Saint Caprais dans le canton de Grenade auraient pu, ainsi, changer leur destinée?..

Le Maquis ROGER (Michel HASTENTEUFEL)

» Dans mon ouvrage concernant l’histoire de Larra, je rapportais le souvenir du passage des maquisards et de leur altercation avec les soldats allemands qui étaient venus quémander des œufs à Encoste… Une fusillade, une menace de représailles et l’acte héroïque de notre garde champêtre Norbert Gilard qui devait permettre d’éviter le pire… Nous étions le mardi 4 juillet 1943.
» En fait, je ne connaissais que peu de choses sur le maquis qui s’était constitué dans notre secteur et je vous propose donc de commencer un petit cycle d’exposés pour mieux connaître le détail de ces événements.
HISTORIQUE du MAQUIS ROGER:
Le “secteur 1” de la Haute Garonne, organisé en Maquis à partir de Mai 1944, avait été créé à Grenade par Albert Carovis et Marcel Roussel, avec Marchand, Michaud et quelques autres. Dès 1941, ils ont recruté des sympathisants et ont planifié l’organisation de la future résistance. Puis un bataillon des usines Dewoitine lui a été rataché, avec ses compagnies et ses trentaines.
L’organisation des cantons de Léguevin, puis Samatan, L’Isle Jourdain et enfin Cadours, complètèrent ce secteur “G” qui deviendra par la suite “1”.
Pour la mobilisation, 2 bataillons seront regroupés, l’un à Naples, l’autre vers Bouconne. Le comité départemental de libération est créé et organise de nombreux sabotages, jusqu’à la Bataille de Naples le 19 Juillet 1944, ou nous déplorons la perte de Jarre dit “Joseph” et Mene dit “Magny”.
Le 19 août 1944, le Maquis ROGER a grandement participé à la libération de Toulouse…
LARRA, le dimanche 19 juin 1943:
» ROBERT va à la recherche d’un dépôt d’armes à Larra, d’après des indications trouvées sur le carnet d’un “gestapache” tué:
“surveiller armes et grottes de larra…” il n’y a pas de grottes dans ce hameau de Grenade, mais un dépôt d’armes était déjà soupçonné au Presbytère ou à l’église…
ROBERT revint bredouille…
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LARRA, le mardi 4 juillet 1943 :
» a la demande de JEAN, une nouvelle visite est faite à Larra, pour rechercher les armes. Un groupe part dans l’après midi avec une camionnette et une traction.
» Un service d’ordre est organisé autour du hameau tandis que l’on fouille le Presbytère et même l’église. Tandis que l’on pénètre dans une maison, une fusillade s’entend et le repli est ordonné, croyant à une attaque du bataillon SS stationné à Grenade qui n’est qu’à cinq kilomètres. L’aspirant DOMINIQUE ou CARTOUCHE, violant les consignes reçues, a donné l’ordre de tirer sur les rayons des roues des bicyclettes de deux allemands en quête d’œufs. Il se figure les avoir touchés, les poursuit malgré leur vitesse avec TARZAN, croit les tuer, puis revient à Larra, et, pour ordonner le repli, court dans les rues en tirant des coups de pistolet en l’air. Avec CAMILLE et TARZAN, DOMINIQUE pourra rejoindre le camp dans la nuit, tandis que l’on tremble pour la population de Larra.
» Fort heureusement pour elle, les deux allemands n’ont pas été touchés, et le Garde Champêtre est allé courageusement au devant des allemands qui accourent après les coups de feu, pour expliquer que la population de Larra n’était pour rien dans cette histoire.
» Il fut relâché aussitôt…
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Ces extraits des compte-rendus des maquisards, montrent que les événements auraient pu prendre une autre tournure pour Larra car on constate que le dénommé DOMINIQUE avait bien l’intention de supprimer les deux allemands et que sa maladresse sauva en partie le village de représailles terribles!
D’autre part, si le dépôt d’armes ne fut pas trouvé, c’est peut-être du fait qu’elles n’étaient pas dans une grotte mais plutôt une cave?
Curieusement, cette notion de “dépôt d’armes” est toujours vivace dans les mémoires et se trouve encore d’actualité…
On se souvient de la découverte d’un obus non explosé dans le bois de Cavaillé par le personnel communal nécessitant le déplacement des gendarmes de Grenade et des services de déminage…
A suivre…