Pièce Grande :
Un livre ouvert !
(Michel HASTENTEUFEL)
Quelques nouvelles découvertes au mois de février vont peut être permettre de consolider notre vision de ces premiers Larrassiens qui vivaient à Pièce Grande.
Profitant des vacances scolaires, avec Romain, le petit fils, déjà passionné d’histoire, nous avons arpenté les labours et notre regard affûté nous a permi de trouver un splendide galet biface préhistorique taillé en forme d’amande. Un outil d’une qualité remarquable et qui par sa perfection, peut être assimilé à une œuvre d’art du paléolithique.
C’est Romain qui devait découvrir la deuxième surprise: une monnaie d’argent qui brillait au soleil et qui se révèle être une monnaie dite à la croix qui fut en usage vers 200 avant Jésus Christ!
Une pièce des Volques tectossages, ceux là même qui fondèrent Toulouse.
La chance est avec nous car une autre trouvaille apporte de vraies interrogations! Que peut faire à Pièce Grande un Denier d’Argent datant de la république Romaine frappée en 211 Avant Jésus Christ?
Nous savons que les Romains ne sont arrivés à Toulouse que vers moins 100!
Par contre, les Volques ont pillé Rome précisément vers -278 après avoir vaincu les Romains !
Alors , butin de guerre ou bien fruit du commerce?
Autre découverte de cette journée, un denier de bronze frappé par Marc Antoine pour payer ses légions en 31 avant Jésus Christ! Cette monnaie aura peut être appartenue à un des légionnaires établis au camp qui était à Mayras? Ces légionnaires venaient ils à Pièce Grande pour faire leurs achats? La question est posée!
Le Christ de Pièce Grande
Décidément, les labours de Pièce Grande ont encore beaucoup de secrets à nous révéler!
Un Christ de bronze de facture très ancienne vient d’être trouvé!
Probablement arraché, brisé et tordu par la charrue puis remonté à la surface, il nous pose plein de questions sur son origine…
Un autre petit Christ en argent avait déjà été trouvé au même endroit il y a quelques années…
Les deux Christs datent certainement du 13ème siècle. Or, les textes anciens nous précisent qu’en 1274, il y avait une église sur le haut de Larra. L’Abbé Dirat, supposait même qu’elle pouvait avoir été à l’emplacement de l’ancienne ferme de Tournebelle qui disparut suite à un incendie en 1979.
Cette ancienne église aurait été détruite par les grandes compagnies de brigands qui écumaient notre région durant la guerre de cent ans.
Il serait logique de penser qu’à proximité de celle ci, soit établi un cimetière qui aurait été ensuite depuis longtemps oublié… De là à conclure que ces Christs en seraient des vestiges? Comme nous le voyons, il nous faudra encore bien d’autres découvertes pour trouver des réponses à ces questions!
ÉVOCATION : Le Maquis ROGER
(Michel HASTENTEUFEL)
Alors que tout paraît irrémédiablement perdu et que la voix chevrotante d’un Maréchal félon invite les Français à plier l’échine devant l’envahisseur, il se trouve à Grenade quelques irréductibles, entre autres : MM. ROUSSEL, MICHAUD, LACONDE, GIBERT, MARCHAND, DUPUY, CAROVIS, CROS… qui ont compris la duperie de l’armistice et, hélas!, la trahison dont fut victime l’armée Française…
Jusqu’au début de 1943, leur action est isolée, lorsqu’un jour, par l’intermédiaire de leur ami Roussel, ils entrent en contact avec le Capitaine Marcouire, dit « SERGE ».
En quelques phrases enflammées, cet ardent patriote, qui paiera plus tard largement de sa personne, sait faire entrevoir la nécessité d’une action ordonnée et disciplinée.Il est constitué aussitôt, un Comité local, ayant pour chef Mr. Albert CAROVIS, alias « JEAN », et pour chef adjoint, Mr Théodore CROS.
Ils rencontrent Jean Pierre VERNANT, Colonel BERTHIER, et, ensemble, ils organisent de façon magistrale les groupes des Cantons de Grenade puis celui de Cadours.
En septembre 43, ils seront rejoints par Pierre TOURON, qui sera le capitaine ROGER. Celui-ci donnera son nom au groupe. Le Maquis s’installera donc dans la forêt du Burgaud au lieu dit Naples.
Un autre groupe, issu de l’organisation de l’armée (ORA), formé par le capitaine André POMMIES, qui a constitué des Corps Francs, notamment en Vallée de Save, autour de Lévignac, se cachera dans la forêt de Bouconne. Commandé par le Capitaine VOISIN « Vérité » et le lieutenant CAMUS « Dubois », ce groupe sera sous les ordres d’Albert CAROVIS. Il utilisera les installations du domaine du Ratelier.
Le 5 Juin 44, alors que les esprits sont surexcités par les divers messages annonçant le débarquement, l’Etat-major du Secteur est réuni chez « GUIRAUD » (André Pommiès), à Toulouse à 11 heures. Il est presque au complet. Diverses dispositions sont prises pour les armes, les munitions et le point de ralliement unique qui sera à Lias. La vie de camp s’organisera dans les forêts de ce secteur, à Lias, Bonrepos, Blanquefort et Bragayrac. Plusieurs autres Maquis étaient actifs dans cette région proche de Fonsorbes et Saint Lys que connaissait bien le capitaine Pommiès. Tout le monde s’affairait à préparer la libération de Toulouse.
Lors de ce rassemblement, le 8 juin, on se souvient que, vers 18 à 19 heures, un groupe d’une vingtaine de Maquisards, conduits par l’inspecteur « ROBERT » (Bonnet Lucien) aurait dû arriver à Lias, mais une erreur d’aiguillage les a conduit à Grenade, occupé par les allemands, équipés d’automitrailleuses et de chars légers… Ils étaient partis de la gare Roguet par la micheline d’Auch, mais une ligne passait par L’Isle-Jourdain, celle qui était prévue, et une autre qui passait par Grenade.
Dans cette micheline se trouvaient assis quelques soldats allemands qui ne se sont heureusement pas aperçu de ce groupe de « jeunes »
A grenade, réceptionnés rapidement, Ils furent accueillis par Cros (« CANROBERT ») dans son moulin, sur une dérivation de la Save, à 300 m environ de la gare, et, après un repas copieux, ils ont remis leurs pistolets 7,65 et 6,35 que CROS a mis dans un sac au bout d’une corde et une poulie et descendu à un mètre du niveau de l’eau en cas de perquisition ou autre…
Puis, la nuit tombée, après le début du « Couvre-feu », ils furent conduits par « RENEE », fille de Roussel et répartis chez divers habitants de Grenade.
(Au retour, allant chez elle, elle rencontra, avec son vélo à la main, une patrouille allemande de service qui lui demanda son « Ausweis » et pourquoi elle se trouvait dans les rues après le couvre-feu ! Elle leur raconta qu’elle s’était « oubliée » au bord de l’eau avec un soldat allemand et n’avait pas vu l’heure passer…. après un éclat de rire, ils la laissèrent rentrer chez elle.)
Entre temps , les Allemands ayant repéré les maquisards près de Lias, et suite à une attaque à Bonrepos, il fallut se résoudre à se déplacer à nouveau vers les bois du château de Caumont d’abord, puis enfin, à Cabanac qui était jugé plus sûr.
On apprends par la suite que l’attaque du Maquis de Bonrepos a été menée par une colonne d’Allemands et de Miliciens forte d’environ 600 hommes puissamment armés. On déplorera 9 morts parmi les Maquisards.
Pendant que la vie s’organise à Cabanac où sont rassemblés une centaine d’hommes, on va reconnaître un nouvel emplacement vers Le Burgaud car les allées et venues autour de Cadours ne sont pas passées inaperçues des Miliciens.
C’est à ce moment qu’une équipe est envoyée à Larra pour essayer de récupérer un dépôt d’armes signalé mais non retrouvé. A grenade, Cros est dénoncé et doit s’enfuir par la fenêtre sous les coups de feu des Allemands. Cependant, la Gestapo réussira à arrêter quatre de ses amis résistants dont le capitaine Marcouire.
La ville est des plus dangereuse car, Marchand et sa femme, échappent de justesse à la Gestapo! Le camp de Cabanac doit être évacué très rapidement vers Naples car la position est intenable. On a été averti qu’une opération des Miliciens et des Allemands est imminente.
Le camp de Naples est installé à partir du 9 juillet.
Au petit jour, alors que l’on apprends qu’à Grenade cinq autres résistants sont pris par la Gestapo, arrive à Naples, tout suant, à bicyclette, le Caporal BARNABE. Il ignorait le déplacement du Maquis et il a eu toutes les peines à le trouver en suivant les traces de roues, la nuit. La nouvelle qu’il apporte vaut de l’or : Entre Cox et Puységur, l’avion Anglais, se fiant a l’éclairage du village de Cox, anormalement en service depuis quatre ou cinq jours, a déversé 25 parachutes, que le groupe va recueillir aussitôt. 6 fusils mitrailleurs français, 40 fusils anglais avec leurs munitions, des mitraillettes avec des munitions: des chaussures réparées, quelques cigarettes, un peu de chocolat, des grenades, des explosifs, etc… Ce sera le seul et unique parachutage dont bénéficiera le Maquis Roger.
Le 19 Juillet, à 9 heures 25, des coups de feu partent du poste de guet « JOSEPH ». Une patrouille d’automitrailleuses allemandes passe à l’attaque ! On apprendra plus tard que « JOSEPH », surpris par la patrouille, a vidé son revolver, et se défendra jusqu’au bout, malgré trois blessures, au bras et à la cuisse, avant d’être fait prisonnier, puis exécuté.
La bataille sera rude et Magny, blessé au ventre décèdera tandis que le Maquis réussit malgré tout à décrocher. Les allemands compteront 26 morts et 40 blessés.
Ce fut à nouveau l’errance pour tous ces Maquisards. On se réfugia à Cabanac puis, il fallut se résoudre à retourner vers Bragayrac de l’autre côté du secteur.
Le groupe du Capitaine Voisin passa par l’Arsène à Thil, mais là aussi, une dénonciation devait lui porter un rude coup.
Le 31 juillet, la milice et les troupes allemandes investissent le château et abattent froidement le comte d’Orgeix. Les résistants, surpris, eurent cependant pour la plupart le temps de fuir par le chemin creux de Saint Albert près de Garac. Une vive fusillade se produisit aux environs du château de l’Arsène et de l’Abbaye de la Trappe. Deux officiers, le Capitaine Voisin et le Lieutenant Camus, chefs du groupe de ces résistants arrivés vers 4 heures 30 à proximité de l’Abbaye sont abattus à la mitraillette et achevés froidement. Les balles sifflent et les vitraux de la chapelle volent en éclats !
Le fils du comte réussira à s’enfuir et on apprends que Roussel et sa famille ont échappé de justesse au massacre.
Tous les Maquisards se retrouveront à nouveau dans la région de Lias se tenant prêts à marcher sur la ville de Toulouse.
Ce n’est que le 19 Août 44 que le Colonel BERTHIER (Jean Pierre Vernant), donnera l’ordre.
L’effectif est de 280 hommes.
La Salvetat, Plaisance, Tournefeuille et enfin Toulouse Lardenne où nos hommes sont accueillis triomphalement par la population.
Il faudra néanmoins se battre dans les rues. Deux hommes sont tués mais le groupe Roger se distingue pour sa bravoure.