« L’année 2006 s’achève à un rythme effrénée avec une météo hésitante entre le chaud et le froid… Des arbres déboussolés bourgeonnent, les plantes donnent encore quelques fruits hors saison… Quelques abeilles et bourdons butinent les buissons encore fleuris… Dans les prés encore verts, des pâquerettes saluent le soleil avec plusieurs mois d’avance! Sous le même soleil, les anciens ont fleuri le cimetière pour la Toussaint alors que des ribambelles de jeunes déguisés en monstres ou sorcières faisaient la quête des friandises pour Halloween !
Le Père Alain Thérondel prend la succession du
Père Emmanuel pour servir nos sept paroisses…
Notre groupe Histoire de Larra n’en finit pas de grandir avec soixante trois adhérents… On assiste sans doute à un regain d’intérêt pour notre histoire ou la découverte de nos racines, mais, peut être aussi, tout cela découle t’il d’un besoin oppressant de se retrouver entre amis communs, autour d’histoires, comme jadis, lors des veillées au coin de la cheminée, toutes générations confondues?
Notre société est bousculée journellement par des inquiétudes qui jaillissent de partout… Guerres, accidents, catastrophes, réchauffement, pétrole, crise économique, délocalisation, Europe, mondialisation, etc…
Alors, à l’évidence, il ne reste plus qu’à se serrer les coudes fortement et dialoguer ensemble plus que jamais! Le groupe Histoire de Larra vous souhaite de bonnes fêtes de Noël et une
bonne année 2007 !
Étude d’un acte de 1697
(Jacques SIRVEN)
Un projet de moulin à vent à « Tournier »…
Nous sommes en 1697, Louis XIV règne depuis plus d’un demi siècle. Jean François Tournier, Conseiller au parlement de Toulouse, possède dans la juridiction de Grenade à Larra, plus précisément à Tournier, un domaine et un château.
Il se prépare à faire bâtir un moulin à vent. Jean François est entreprenant. Depuis plus d’un siècle et demi, ses ancêtres, ses parents possédaient ce domaine. Lui, il plante des vignes, les donne à cultiver, occupe des journaliers, prête argent ou grain lorsque les réserves sont épuisées alors que la moisson n’est pas encore avancée. Il a sur place un homme d’affaire qui veille à ses intérêts, son domaine s’agrandit, il acquiert terres et métairies et il est jalousé par les autres bientenants de Grenade.
Il réside la plus part du temps à Toulouse, c’est un notable, il est Conseiller au Parlement et contrôleur et payeur des gages des officiers du Parlement. Ce Parlement, tribunal qui juge en dernier ressort, souverainement au nom du Roi dans un territoire compris entre Montauban, Cahors, Le Puy, Montpellier, Tarbes. Ce Parlement qui, en plus de ses fonctions de justice, est destinataire et enregistreur des décisions du Roi. Mais celles ci ne sont applicables que quand le Parlement les a promulguées. Donc, Jean François de Tournier, Conseiller, est un personnage important sur Toulouse et Larra, et se trouve donc envié.
Il est jalousé si bien, que les préparatifs de son projet de moulin arrivent aux oreilles de Gabriel de Roquette, abbé de Grandselve mais aussi évêque d’Autun.
Gabriel de Roquette est le fils cadet de François de Roquette Seigneur d’Amades, avocat, contrôleur des finances du Languedoc capitoul en 1620 et conseiller d’état en 1646, il aura huit enfants.
L’aîné, Jean (les aînés sont trop souvent valorisés), recevra la seigneurie d’Amades et fera des études de droit en vue d’acheter une place de Conseiller au Parlement.Gabriel, lui, n’aura que la possibilité de se préparer à entrer dans les ordres religieux. On l’enverra à Paris auprès de sa tante maternelle Marguerite de Senaux, celle qui fonda les monastères de saint Thomas et de la Croix et qui bénéficia de la protection et de l’amitié de la mère du Roi, Anne d’Autriche. Là, Marguerite de Senaux fait admettre à la Cour son neveu Gabriel et plus particulièrement à la maison d’Arnaud de Bourbon, Prince de Conti dont il devient vicaire général.
En 1671, à la mort de Jules Mazarin, le titre d’abbé de Grandselve que détenait le Cardinal est accordé par Louis XIV à Gabriel de Roquette qui n’est encore que Diacre. Il a trente huit ans, ne sera ordonné prêtre qu’un an plus tard et n’entrera en possession de l’abbaye qu’en 1665, quatre ans après sa nomination.
Depuis 1476, l’abbaye n’est plus dirigée par un abbé résidant, élu parmi les religieux, qui anime, dirige, régente la communauté.
C’est le Roi qui désigne l’abbé dit commendataire choisi par faveur accordée aux proches du Roi.
C’est donc dans ces circonstances, qu Gabriel de Roquette, simple Diacre, est nommé abbé d’un des plus prospères monastère cisterciens.
Mais, Gabriel ne limite pas ses ambitions à un simple titre d’abbé commendataire. Il sait, à la Cour, se montrer courtisan (Molière n’avait-il pas pris modèle sur lui pour créer son personnage de Tartuffe ?). Il réussit si bien qu’en 1666, le Roi le nomme Évêque d’Autun, un évêché prestigieux. Là, il se montre un administrateur résolu, mettant au pas un clergé indiscipliné. Il veut assurer la formation des prêtres de son diocèse et fera construire un séminaire: « le plus beau de France » dira Bussi-Rabutin.
Il le fera construire sur le domaine de l’évêché en détruisant des monuments romains, un cirque, des mosaïques, des peintures à fresque, des colonnes, des chapiteaux, des aqueducs et en apportant les matériaux d’un théâtre romain tout proche!
Revenons à Grandselve. Gabriel de Roquette désigne son frère aîné Jean, Conseiller au Parlement, comme son procureur général pour gérer et administrer le temporel de l’abbaye. Il fera réaliser deux inventaires des biens de l’abbaye. L’un d’eux a, semble-t-il été égaré avant la révolution et l’abbé Magi de Grenade a sauvé l’autre.
Grandselve dispose de revenus importants surtout autour de Grenade, Beaumont, Bouillac :
– des granges, exploitations agricoles dont la perception des loyers est confiée à des fermiers.
– des droits de four et droits seigneuriaux qu’il partage avec le prince de Conti, Coseigneur de Grenade avec lui.
– il possède aussi des droits de dîme et autres droits.
– il possède enfin des moulins:
— 2 moulins à vent à Bouillac
— 2 moulins à eau à Beaumont sur la Gimone.
— 2 moulins à eau à Grenade sur la Save.
Tous les revenus sont affermés et perçus par Jean son frère et les fermages en grains sont apportés à l’abbaye. Les fermages en argent sont apportés à Toulouse chez Jean qui en ristourne une partie aux religieux pour leur pension et restitue à son frère l’évêque, l’autre partie.
Les deux moulins de Grenade sont affermés cette année de 1697 pour quatre années pour la somme de 3000 livres et un quintal de chandelles, alors que le bail de la grange de Saint Séverin avec le droit de dîme des terres dépendantes ne s’élève qu’à 900 livres.
3000 livres, c’est, à 7 livres le setier, environ 500 sacs de blé, le meunier réservant 1/16eme du blé pour la mouture.
C’est aussi, à 10 sous le salaire journalier d’un brassier, la paye de 6000 journées!
J’en reviens à notre moulin de Larra. Si Larra avait un moulin à vent, les habitants n’apporteraient plus leur grain à moudre à Grenade, le montant du fermage demandé par l’abbé diminuerait et Jean François continuerait à s’enrichir ! Ce qui explique qu Gabriel de Roquette non seulement n’autorise pas la construction du moulin mais engage aussitôt une procédure impressionnante pour s’opposer à l’entreprise d’un concurrent éventuel qui s’avèrerait pugnace !
Il semble que Gabriel ait réussi puisque en 1701, au renouvellement du bail des moulins de Grenade de 4 ans, la partie en espèces a augmenté de 20% (de 3000 à 3600 livres) et la partie en chandelles de 100% (de 1 à 2 quintaux)!
Des vérités historiques… La campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte.
(Christian CABE)
« Le personnage de Napoléon ne laisse pas indifférent mais, dans toutes ses actions, il n’est pas facile de démêler la vérité historique… Pernons par exemple la campagne d’Egypte…
Avant tout, rappelons que Napoléon est Corse et qu’un an avant, elle avait été achetée et rattachée à la France par Choiseul. Il a fait ses études militaires à Brienne en 1779 et sa voie était toute tracée… En 1785, il en sortira lieutenant. Il étudie avec acharnement pour devenir capitaine … Et puis, un mois avant les examens, il apprend la prise de la Bastille, la Déclaration des Droits de l’Homme… Une ère nouvelle, la Révolution. « Les révolutions sont un bon temps pour les militaires, elles développent leur courage et leur patriotisme ». Les sections royalistes ont soulevé Paris, et menace le Directoire. Barras a été chargée de la répression, sale besogne qu’il délègue aux officiers « jacobins » en disgrâce, dont fait partie Bonaparte. Celui-ci reçoit le commandement de l’artillerie, son domaine, et par une courte canonnade devant Saint-Roch, disperse les survivants apeurés. Là, se dessine un homme déterminé, ne reculant devant rien quand cela est nécessaire… Napoléon est le sauveur du gouvernement qui, en remerciement, lui confie, le 8 ventôse, le commandement en chef de l’armée d’Italie puis, le 16, il épouse finalement Joséphine qui trouve ainsi son « bon partie ». Le 4 germinal, Napoléon se trouve sur le pavé de Nice, avec comme horizon la grande et riche Italie… Il réussira brillamment à museler les autrichiens qui l’occupaient à ce moment là. De retour à Paris, il réussit à faire échouer la conjuration des royalistes à l’église Saint Roch en faisant tirer au canon dans la foule! Le Directoire le nomme alors commandant en chef des armées de France. Le pouvoir militaire tout entier est pratiquement à lui. Le Directoire, toujours aussi méfiant, tente de le tenir éloigné. Il est décidé d’envoyer Napoléon en Egypte, pour ouvrir la route des Indes, tenue par les Anglais, en pensant que les Anglais auraient raison de lui! L’expédition commence: 280 navires, Il fait escale à Malte qu’il enlève aux Chevaliers de l’île après la reddition sans condition de ces derniers. Il débarque enfin à Alexandrie avec ses troupes le 2 juillet 1798. L’Egypte, sous la souveraineté de la Porte ottomane, était entre les mains de la tribu des Mamelouks, à peu près indépendants du sultan et autant redoutés. Bonaparte gagne sa première victoire aux Pyramydes du Caire, où il fait son entrée triomphante le 24, une victoire éclatante, hélas ternie par la destruction de sa flotte à Aboukir par le grand amiral anglais Nelson. Les Turcs vont alors déclarer la guerre à la France. Appuyés par les Anglais, les turcs vont attaquer Bonaparte qui se replie vers Saint Jean d’Acre. Les batailles sont rudes et la route est coupée d’autant plus que la peste fait rage au sein de l’armée. Faisant demi tour, il revient sur l’Egypte talonné par les ennemis. Deuxième bataille d’alexandrie ou Murat se distingue et arrête l’ennemi. Cependant, Bonaparte, sentant que la situation est désespérée, recevant des nouvelles de Paris où son frère l’informe que la situation est propice à son retour, décide de partir en abandonnant ses hommes qui seront obligés de capituler!
Arrivé à Paris sans encombres et par miracle,et malgré son échec, Bonaparte est accueilli par une acclamation générale. Tous les partis vinrent à lui. Partout, on murmure contre le Directoire : la France, malgré toutes ses victoires militaires, est très mal en point ; la monnaie, par exemple, est au plus bas, les entreprises sont toutes en faillite et le monde agricole vit une crise désastreuse. Tout le monde sait, même les directeurs, que c’est un homme comme Napoléon qu’il faudrait à la tête de ce pays. Peut-être est-ce le moment, pensent-ils. A une heure du matin, le 18 Brumaire an VIII, Napoléon Bonaparte est Premier Consul de France. Il dirige le pouvoir exécutif et est chef des armées. Il est le maître de la France, le chef de tous les français. Alors, de son échec en Egypte, on ne retiendra que ses seules victoires! On oubliera les défaites et toutes les victimes….
Ainsi va l’Histoire que l’on enseigne, ne retenant que les faits glorieux et fermant les yeux sur les échecs…
Notons tout de même que cette campagne d’Egypte apportera tout de même des trésors de connaissances concernant l’histoire antique de ce pays et surtout la fameuse « pierre de Rosette » qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes ! »