2007 Juin Juillet Compte rendu


L’été est passé ! Mais quel été me direz vous? En effet, cette année, pourtant bien commencée suite à un mois d’avril estival, s’est distinguée par un temps très perturbé ! Pluie, vent, nuages, fraîcheur… Bref, il n’a pas fait beau et les vacanciers et les professionnels qui dépendent du tourisme s’en souviendront !
Malgré ce temps maussade, chez nous, le manque d’eau se fait toujours sentir et le retrait de la « marne » qui se trouve sous la couche de « grep » (gravillon mêlé d’argile) engendre d’infimes mouvements du sol qui provoquent déjà quelques fissures dans les maisons… le manque de soleil a également entraîné une pénurie de céréales et les tomates de nos jardins ont flirté avec le mildiou! En conséquence, les prix grimpent… les fruits ne mûrissent pas et ils sont boudés par les consommateurs qui hésitent à les acheter… Les orages nous inquiètent et la nature nous donne quelques sérieux avertissements… L’homme tout puissant et sa société sans mesure sont-ils désormais au bord de la ligne qu’il ne faut pas franchir? Les scientifiques nous alertent timidement et l’opinion publique s’interroge et prend doucement conscience qu’il faut agir à tous les niveaux… nous sommes certainement tous responsables! Le débat d’idées est lancé…
Bonne rentrée à toute l’équipe d’historiens et que cette saison 2007/2008 soit riche en découvertes!
Michel HASTENTEUFEL

Vivre avec son temps !

(Brigitte de Carrière)


En 1934, il fallait demander à l’opératrice du téléphone: « je voudrais le 1 à Larra » pour pouvoir joindre le hameau, grâce au château seul abonné!
Mme de Carrière se souvient qu’à l’époque, les gens trouvaient que le téléphone était un objet superflu et inutile !


« C’est vrai que malgré ce scepticisme, nous rendions tout de même un véritable service en transmettant par exemple, les télégrammes…
Lorsqu’on sait que de nos jours, plus personne n’imaginerait pouvoir vivre sans son téléphone portable!
Aujourd’hui, je découvre l’informatique et surtout l’internet! Avec mon ordinateur, je peux enfin stocker et montrer à ma famille et mes amis, les photos que je prends avec mon appareil de photo numérique!
Et puis surtout, je peux consulter mes messages électroniques, en envoyer et même visionner le site web du château! Il me reste encore à apprendre à me servir de la Webcam pour pouvoir converser et voir en direct les membres de ma famille aux États Unis!
Décidément, qui aurait pensé que j’utilise un jour l’internet? Je n’en reviens pas moi-même ! »

DÉCOUVERTE
Bordevieille :

Découverte d’une splendide monnaie de bronze : un sol de Louis XVI

Une petite tranchée à Bordevieille, lors de la pose d’un portail, et soudain, dans les déblais, cette pièce qui fait surface, retient l’attention de Daniel!
« Il faudra la montrer à Michel et la donner pour le musée… il pourra l’identifier…»!
Aussitôt dit, aussitôt fait, et Michel reconnaît un sol frappé sous Louis XVI en 1791. La lettre M sous le blason désigne un atelier de frappe de Toulouse…
Cette monnaie est rare car sous Louis Philippe et Napoléon III, elles furent récupérées et subirent une refonte. Cette monnaie valait 12 deniers tournois et vous permettait par exemple d’acheter œ livre de viande !
L’année 1791 évoque l’arrestation de Louis XVI à Varennes les 20 et 21 juin et le décès à Vienne du compositeur Wolfgang Amadeus Mozart (05 décembre)!

Commission Patrimoine de Save et Garonne


La commission Patrimoine de Save et Garonne s’est réunie le 31 août dernier. A l’invitation de Mrs Jacques GILARD et Michel HASTENTEUFEL, le groupe a visité les villages de LAUNAC puis LARRA ! L’objectif était de préparer des circuits de découverte de notre patrimoine pour le public.

TÉMOIGNAGE

Joachim FAVARO Raconte :
12 septembre 1942
« Torpillé par un sous marin en plein atlantique… »
« Je suis né le 3 mai 1921 en Italie et aujourd’hui, âgé de 87 ans, je voudrais vous confier le récit d’une tragédie que j’ai vécue en 1942, qui m’a profondément marqué et qui reste à jamais gravée dans ma mémoire!
J’aimerais tant que l’on partage ma peine afin que le souvenir des milliers de mes camarades et compagnons d’infortune, victimes de cette terrible tragédie, puisse perdurer et servir à rappeler que la guerre est toujours source de telles atrocités qu’il faut se faire un devoir de veiller à l’éviter!
N’oublions pas non plus que notre monument aux morts est là pour rappeler cela et qu’il témoigne haut et fort notre engagement à tous pour la paix et la fraternité!
…J’avais 19 ans en 1940 et l’Italie dirigée par Mussolini entra dans la deuxième guerre mondiale aux côtés des Allemands. Je fus donc enrôlé dans l’armée et après une période d’instruction j’obtins le grade de sergent dans l’artillerie. Mon régiment fut envoyé en juin 1941 en Afrique pour prêter main forte aux troupes fascistes combattant aux côtés des allemands. Avec mes camarades je devais assister impuissant aux terribles exactions des fascistes et des nazis qui exécutaient devant nous tous les prisonniers Anglais comme des animaux après leur avoir fait creuser leur tombe! Avec nos camarades nous ne comprenions pas cette barbarie aveugle et nous étions alors gagnés par un puissant sentiment de honte. Afin de ne pas en être complices, nous décidions de nous rendre à la première occasion aux Anglais.
Une nuit d’avril 1942, de patrouille avec mon groupe, je me trouvais soudain face à un poste de surveillance Anglais. Calmement, je déposais aussitôt avec précaution mon arme imité par mes camarades et nous nous sommes approchés . Les soldats Anglais nous prirent en charge pour nous mener dans une zone où nous retrouvions des centaines de camarades qui avaient fait le même choix que nous. Devenus prisonniers, nous avons été bien traités, notre camp n’étant fermé par un simple cordage symbolique.
Après un mois, nous avons été transportés à SUEZ afin d’embarquer sur un navire qui devait rallier l’Angleterre. Ce vieux cargo de 20 000 tonnes s’appelait le LACONIA et il fallait vite embarquer sous la menace permanente de la Luftwaffe qui bombardait fréquemment la ville de SUEZ.
A son bord, nous étions 1800 prisonniers Italiens, 463 hommes d’équipages, 286 militaires, 160 polonais et 80 femmes et enfants qui fuyaient les combats soit 2789 personnes. Le navire leva l’ancre le 12 août pour sa longue traversée.
Un voyage très éprouvant par une chaleur étouffante à travers la mer rouge puis l’atlantique. Les hommes entassés, épuisés montaient à tour de rôle par groupes sur le pont pour être rafraîchis à la lance à incendie. Pour notre nourriture, nous avions droit à une invariable maigre ration de soupe et de ragoût. Au bout d’un mois, nous étions enfin hors de portée des avions allemands.
La nuit du 12 septembre à 20 heures 48, une terrible explosion ébranla le navire suivie d’une seconde! Le sous marin allemand U 156 venait de torpiller le LACONIA. Avec des centaines de camarades tués sur le coup ou blessés, je fus projeté dans l’océan! Dans le noir, au milieu de cris je réussis à me cramponner à une planche en bois. Autour de moi des camarades hurlaient dévorés par les requins! j’aperçus une fillette qui se débattait dans l’eau et je réussis à l’agripper et l’allonger en sécurité sur la planche. Partout des cris de terreur et les canots qui pouvaient être mis à l’eau se couvraient de grappes humaines et certains coulaient surchargés! L’océan se couvrait de corps en détresse alors que la LACONIA sombrait.
Soudain près de moi le sous marin fit surface sans doute pour récupérer des prisonniers à interroger… Le Capitaine HARTENSTEIN qui croyait avoir coulé un cargo chargé d’armement, comprit aussitôt aux cris des Italiens qu’il venait de repêcher qu’il avait provoqué une catastrophe!
Il commença immédiatement à recueillir des naufragés Italiens rejetant les Anglais sachant qu’il ne pouvait embarquer sur le pont qu’un nombre limité de personnes. Il demanda de l’aide auprès des sous-marins naviguant à proximité…
Il envoya également un message non codé exigeant des secours auprès des vaisseaux disponibles, et promit un arrêt des hostilités pendant les opérations de sauvetage. Pendant deux jours, le U-156 et plusieurs autres sous marins escortèrent les survivants. Beaucoup d’entre eux furent forcés de rester sur les ponts des sous-marins, tandis que d’autres étaient remorqués dans les canots de sauvetage.
Lorsque j’approchais du sous marin, les allemands me demandèrent la nationalité de la fillette et s’aperçurent qu’elle parlait Anglais. Nous fumes repoussés sans aucun ménagement et alors durant quatre nuits et cinq longues journées sous un soleil écrasant, nous dérivions sans rien à boire ou manger… La petite fille expira d’insolation dans mes bras et hurlant de désespoir je perdis connaissance!
Lorsque je me réveillais, je me trouvais sur le pont d’un navire français venu au secours. Il s’appelait le GLORIA et je ne l’oublierai jamais car il m’avait sauvé la vie comme à 600 personnes dont 62 camarades italiens. C’est alors que j’appris la terrible nouvelle: un avion Américain ayant aperçu le convoi de sous marins allemands surchargés de rescapés, avait largué une bombe pour les endommager provoquant la panique et leur plongée, noyant toutes les personnes réfugiées sur les ponts!
Les conséquences furent lourdes car DOENITZ ordonna aux sous marins Allemands de ne plus jamais secourir les naufragés des navires torpillés!
La fillette m’avait donné son nom: Katie Johnson.
J’ai su par la suite que sa mère, son grand père et sa sœur qui l’accompagnaient dans la traversée n’avaient pas survécus à la tragédie.
Après une première escale à DAKAR, nous avons été conduits à CASABLANCA au Maroc. De là en traversant le Maroc, la Tunisie et l’Algérie nous sommes arrivés en Lybie. Un voyage de trois jours en train. Nous étions bien traités et je me souviens qu’à Alger nous avions fait une halte pour manger. Une personne avait essayé de partir en vain car nous étions bien gardés. Je suis resté deux mois en Lybie puis j’ai été embarqué dans un avion Allemand qui m’a déposé en Sicile à Trapanie d’où par le train, j’ai été remis à mon régiment.
En septembre 1943, l’Italie a rendu les armes sauf les fascistes qui ont continué à se battre avec les Allemands. C’est alors que j’ai regagné le Maquis pour lutter durant un an et demi contre les Allemands avec l’aide des Français. Nous faisions sauter des ponts dans les montagnes et au cours des combats, beaucoup de mes camarades ont perdu la vie… Nous n’avions que quelques armes récupérées lors des parachutages. J’ai continué ainsi jusqu’à la libération.
J’ai connu ma femme, puis je suis arrivé en France en février 1952. J’ai vécu une année à Pelleport puis cinq à Launac pour enfin arriver à Larra chez De Carrière au Caussaté.
En Août 1962, j’ai été embauché à la Mairie de LARRA comme cantonnier jusqu’à l’âge de ma retraite.
Depuis cette date, tous les 12 septembre, je n’ai jamais manqué de déposer un bouquet de fleurs au pied de notre monument aux morts en mémoire de la petite Katie et des deux milliers de malheureux camarades qui ont perdu la vie au milieu de l’océan au cours de cette nuit du 12 septembre 1942 …
Il ne faut pas oublier!.. »

Journées Européennes du Patrimoine 2007
(Michel HASTENTEUFEL)

Cette année encore, les 16 et 17 septembre, toute l’équipe du groupe Histoire de Larra s’était mobilisée à l’occasion des journées du patrimoine.
Cette manifestation est très intéressante car elle permet à un public issu de toute la région de découvrir des monuments ou des sites divers et parfois inédits dans chaque village. A Larra, la Maison de l’Histoire était ouverte au public pour des visites guidées présentées par Michel, Coralie et les animateurs de l’association larrassienne des arts et de la culture (ALAC). Grâce à un temps particulièrement ensoleillé, cette année, ce week-end fut donc davantage propice à la promenade que celui de l’an dernier et ainsi, plus de 140 personnes furent étonnées et ravies de découvrir les collections d’objets anciens présentées à la Maison de l’Histoire de notre village. Cette année, sous l’impulsion de la «commission patrimoine» et de l’office de Tourisme de Save et Garonne, qu’il convient de remercier, un thème commun avait été choisi pour nos communes : les métiers anciens et les vieux outils.
A Larra, le groupe Histoire releva le défi de présenter une collection de tracteurs agricoles anciens (et toujours en activité) de notre village grâce à la participation de plusieurs agriculteurs et passionnés de mécanique heureux de saisir cette opportunité de se retrouver et rappeler les racines rurales du village ! Qu’ils soient remerciés pour leur enthousiasme et pour leur bonne volonté car tous les visiteurs furent ravis de cette idée qui se renouvellera certainement l’année prochaine avec sans doute un projet de « concours de labours » pour renouer avec une ancienne tradition larrassienne!

Le groupe présentait également de vieilles motocyclettes, un atelier de sculpture sur bois à l’ancienne, un stand de lecture d’ouvrages historiques et un atelier de dessin pour les enfants des visiteurs. Tout cela a connu un grand succès et le livre d’or de la Maison de l’Histoire de Larra compte désormais plusieurs nouvelles pages d’appréciations très élogieuses qui récompensent les efforts de toute l’équipe du groupe Histoire de Larra forte de plus de 90 adhérents !
N’oublions pas de citer le château de LARRA, présenté par Mme Brigitte de CARRIÈRE, qui, comme chaque année, constitue une étape incontournable dans la découverte de notre patrimoine local. Souhaitons que cette manifestation puisse perdurer encore très longtemps afin que l’engouement pour notre environnement culturel se développe encore !