Après un mois d’avril exceptionnellement chaud et sec faisant suite à un hiver particulièrement doux, notre mois de mai aura par contre été très perturbé: agité par les vents, des orages pluvieux et un net refroidissement… Malgré tout, les jardiniers soignent et protègent leurs semis et les plantations dans l’espoir de faire de bonnes récoltes qui seront très appréciées à la belle saison. Après une période électorale très intense toutes les tendances et opinions sont confortées dans leurs convictions et espèrent pour demain des jours meilleurs… Au travail, certains rêvent de leurs prochaines vacances d’été, les étudiants ont entamé le sprint vers l’examen si indispensable ou les vacances estivales bien méritées.
Les associations préparent la fête du village, le vide greniers ou les repas de fin de saison… Ainsi allons nous, emportés par le tourbillon de la vie, dans une course en avant effrénée et toujours plus intense avec pour chacun et chacune notre lot de joies et de peines… Ainsi notre histoire rédige inlassablement son grand livre au gré des événements…
Dans cette société effervescente, souhaitons à chacun de réussir à progresser sereinement dans la quête de notre « Graal » personnel et, au moins, de trouver le bonheur, par exemple, en vivant pleinement ses passions…
Michel Hastenteufel
27-12-2006 : le soleil et le givre matinal rehaussent la fleur de lys qui orne le jardin du château de Larra…
Étude d’un acte ancien : la tuilerie de Grenade sur Garonne
(Jacques SIRVEN)
« Nous sommes en 1656, Louis XIV a dix huit ans, il est Roi depuis treize années…
Nicolas de ROQUETTE est procureur en la cour de parlement de Toulouse, il est aussi, cette année là, capitoul de Toulouse et il est présent en tant que juge de la temporalité de l’Abbaye de Grandselve.
JONQUET est le notaire de Toulouse qui rédige l’acte dont les minutes sont déposées aux archives Départementales de la Haute Garonne sous la côte 3E 4575, l’acte retenu se trouvant au folio 129.
Monsieur de COLBERT (très certainement Jean Baptiste, le futur ministre) intendant des affaires du Seigneur abbé a désigné ROQUETTE pour signer l’acte.
Et le seigneur abbé de Grandselve qui a confié à son protégé COLBERT la gestion de ses affaires, c’est Monseigneur l’éminentissime Jules Cardinal MAZARINY, abbé de Grandselve depuis à peine deux années.
Donc, devant JONQUET, notaire se trouvent d’une part Nicolas de ROQUETTE représentant l’abbé de Grandselve, et, d’autre part, Étienne et Pierre MERICAN père et fils, « tuiliers ». Le contrat qui sera signé est un bail emphitéotique appelé « à locaterie perpétuelle » de 29 en 29 ans portant sur la tuilerie de Grenade appartenant à l’abbé de Grandselve établie sur une parcelle inculte mais noble de taille (de toute imposition), située hors la porte de Toulouse, entre la métairie de l’hôpital de Grenade et le cimetière ou tertre Saint Bernard, le chemin de Grenade à Merville entre deux (nous dirions aujourd’hui le chemin de Grenade à Montaigut entre deux).
Cette tuilerie doit être très dégradée et peut être même n’est elle plus en service puisque les preneurs « seront tenus de la rebâtir et remettre à neuf à tel endroit que bon leur semblera de la dite pièce de terre à leurs frais et dépens », donc sans participation financière de l’abbé.
Ils paieront une rente annuelle et perpétuelle de 80 livres et deux milliers de tuiles canal. Si l’abbé a besoin de davantage de tuiles canal pour la réparation des églises, granges ou autres édifices de l’abbaye dans la ville de Grenade ou sa juridiction, MERICAN devra pouvoir fournir jusqu’à deux mille tuiles de plus au prix de 12 livres le millier.
Cette rente peut donc être évaluée à au moins 100 livres, soit 18 setiers de blé ou 200 journées de brassier homme à 10 sous par jour.
Moins de 100 ans plus tard, en 1744, cette tuilerie de Mr l’abbé de Grandselve est dessinée sur le plan parcellaire de GRENADE, parcelle d’une superficie de 5 arpents, voisinant avec « maison…. et tuilerie de Pierre MERICAN, 2 arpents et demi, lieu dit la MONTASSE(1).
120 ans plus tard, dans le livre des impôts du vingtième, la tuilerie de l’abbé de Grandselve est encore mentionnée de même qu’une tuilerie des héritiers de MERICAN, elles sont dites de faible revenu(2).
Une autre tuilerie est aussi mentionnée, c’est celle de Mr. de VAILLAC (Pons Jean François de TOURNIER) « qui n’est que pour son usage », c’est celle de LARRA.
Aujourd’hui, ces trois tuileries ont disparu, la famille MERICAN n’a plus de représentants. Il existe toutefois un lieu dit « MELICAN ». Est ce la même origine?
(1)AD 31 – 2E 429 – Plan N° 9 (2)AD 31 – C 657
Pour répondre à la question de Jacques SIRVEN, selon Michel HASTENTEUFEL, il est certain que MERICAN et MELICAN ont la même origine car actuellement le chemin de Mélican mène au lieu dit Mélican qui jouxte le lieu dit Montasse pré-cité dans l’acte étudié. (Voir article suivant)
MELICAN – MERICAN
(Michel HASTENTEUFEL)
Le cadastre napoléonien de Grenade établi le 5 mars 1827, nous permet de retrouver facilement la tuilerie de Pierre MERICAN près du lieu dit Montasse, mais déjà le nom, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous a subi une transformation.
Jean Louis FRAPECH, Président du groupe d’histoire de Grenade, avait étudié ce patronyme et nous en publions quelques extraits très intéressants:
« On ne trouve pas trace dans les archives communales de Mélican, en revanche nous trouvons le nom de Mérican qui est une famille qui a donné son nom au lieu-dit et à la métairie puis plus tard à la rue. Mélican, initialement Mérican, est un diminutif du nom de baptême (l’équivalent de notre prénom actuel) Aymeric que l’on trouve principalement dans le sud de la France. C’est donc un patro-toponyme (un nom d’homme-dans ce cas, c’est un nom de baptême) qui donne un nom de lieu, Aymeric, puis Aymerica, puis Mérica par aphérèse, Mérican en 1646 puis Mélican sous sa forme moderne. Les archives municipales de Grenade relatent l’histoire de cette famille Mérican… »
En 1761, LARRA aura un Vicaire issu de cette famille : l’abbé MERICAN. Celui-ci, fidèle à ses convictions sera réfractaire aux idées de la révolution et le 2 août 1792 le directoire de Beaumont ordonnera la vente de ses biens.
Après quatre années de contestations, celui ci finit par abdiquer et il prêtera serment à la république le 14 octobre 1795. Il dit: « Je jure la haine à la Royauté et à l’anarchie, attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’An III… » Ainsi, il eut la vie sauve!
VOYAGE en CORSE
(Christian CABE)
«De retour d’un agréable séjour en Corse, je dois vous faire part de mon étonnement à propos de Napoléon Bonaparte, un personnage que je m’attendais à trouver omniprésent sur l’île de beauté ! En effet ce ne fut pas le cas et hormis quelques effigies relativement rares, je restais surpris et ce fut pour moi le moment d’essayer de me remémorer les liens qui existaient entre la Corse et l’illustre Empereur…
Napoléon naît à Ajaccio le 15 août 1769 de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, il est le second d’une famille de 8 enfants. Son père, Charles, n’assistera pas à l’ascension de son fils puisqu’il décèdera en 1785 , quant à son frère, Louis, il sera le père du futur Napoléon III .
Letizia Ramolino, sa mère naît le 27 août 1750 à Ajaccio et meurt le 2 février 1836 à Rome.
Charles Bonaparte, son père naît à Ajaccio le 29 mars 1746 et meurt le 24 février 1785 dans cette même ville.
L’histoire de la Corse nous révèle celle d’un peuple insulaire qui fut victime au fil du temps de multiples conquêtes ou prises de pouvoir souvent sanglantes et violentes par des puissances étrangères: les Romains, les Goths, les Grecs, les Gênois, les Français … Dans ces conditions, un esprit de résistance s’instaurait et plus près de nous, un de ses héros fut le grand Pascal Paoli.
Celui-ci défait Gênes qui cède ses droits sur l’île à la France. Celle-ci vint soumettre par la force les Corses. Paoli dut s’enfuir pour avoir la vie sauve. Au nombre des Corses qui furent les premiers à reconnaître les nouveaux dominateurs était un jeune avocat de vingt-trois ans, Charles Bonaparte. Son fils, Louis Napoleone di Buonaparte est né un an après « l’achat » de la Corse à la République de Gênes. Son père, avait lutté pour l’indépendance de la Corse jusqu’à la défaite décisive de Ponte-Nuovo. Turbulent, querelleur et orgueilleux, l’enfant à peine âgé de dix ans découvre le continent où il intègre l’école militaire de Brienne, puis celle de Paris en 1784. Il est rapidement promu lieutenant d’artillerie puis général. Devenu empereur des Français, il se souciera peu de son île natale. Il n’y reviendra que deux fois au cours de sa vie. D’où une certaine rancune du peuple corse. Heureusement pour eux, son neveu Napoléon III leur apportera les progrès du XIX° siècle…»
Conférence à Montaigut
(Bénédicte LUDOSAN)
Michel Hastenteufel a mimé certaines scènes pour les enfants !
« La terre d’Élection »
La réunion devait se faire dans la petite salle de la mairie mais face à l’affluence, il a fallu se rabattre sur la salle de la cantine. Ce qui devait être une petite réunion s’est transformé en conférence tant les montaigutois ont répondu à l’appel de l’histoire. Il est fort probable que la prochaine se fasse à la salle des fêtes. Michel Hastenteufel et Jean-Louis Frapech ont donc débuté une série de conférences portant sur l’histoire de notre village. Une histoire qui remonte à 400 000 ans !
En effet, le plateau s’est très vite vu peuplé de sédentaires attirés par la richesse de la terre et la réserve de gibier constituée par la forêt de Bouconne. Forêt du reste quasiment inchangée depuis le quaternaire puisque poussant sur une terre malheureusement dépourvue d’éléments nutritif et donc parfaitement inutile à cultiver. Les arbres qui y poussent pourraient être qualifiés de bonzaïs puisque leurs troncs sont environ dix fois inférieurs à la moyenne.
Puis vinrent les romains et leur camp immense situé entre Larra et Daux. Sans transition, puisque les mots me sont comptés par un rédacteur en chef aussi cruel qu’implacable, passons au moyen-âge. En 1 100 (et quelques), Raimon le laboureur est tout à sa tâche précédé par sa vache sur la terre d’Alet (qui signifie élection). Quand soudain ! Le soc de la charrue se cogne, le pieu de Raimon se bloque ! Que fait le brave fermier ? Comme tout un chacun dans ce genre de situation : il creuse.
Et là, stupeur et esbaudissement, il déterre une statue. D’une vierge, puisqu’elle porte une enfant, en accord avec les paradoxes des religions. Précisons que la reine égyptienne Hatshepsout, quelques milliers d’années avant notre ère, fit graver sur un des piliers de son temple de Deir-el-Bahari l’origine de sa naissance divine : Amon, choisissant la plus pure et la plus belle des mortelles féconda la reine Ahmès avant d’envoyer Thot annoncer la naissance à venir à la tendre jouvencelle qui pensait avoir rêvé. Isis avait réalisé le même exploit, mais toute seule comme une grande, après avoir récupéré les morceaux de son frère Osiris.
Ainsi, depuis l’aube des civilisations, on trouve des vierges à l’enfant un peu partout et surtout dans le sol de notre belle contrée puisque les celtes avaient l’habitude de les enterrer afin de féconder la terre. Montaigut sur Save s’inscrit donc parfaitement dans le fil d’une histoire millénaire. La suite sera de nouveau comptée par Michel Hastenteufel et Jean-Louis Frapech dans le prochain épisode de Montaigut sur Temps…